Dans une lettre adressée au secrétaire d’Etat Mike Pompeo, Robert Menendez, numéro deux de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat américain, exige qu’une enquête soit menée et réclame des précisions d’ici le 15 juillet sur les accords régissant les ventes d’armes à Abou Dhabi.
« Vous savez certainement que si ces affirmations sont avérées, vous serez peut-être obligé légalement de mettre un terme à toutes les ventes d’armes aux Emirats », écrit le sénateur démocrate au chef de la diplomatie américaine.
De tels transferts d’armes « enfreindraient gravement » la loi américaine et rompraient « presque certainement » l’embargo des Nations unies sur les ventes d’armement à la Libye.
Ces transferts présumés « sont particulièrement inquiétants », selon M. Menendez, car ils seraient survenus peu après le feu vert donné par la Maison Blanche –en contournant le Congrès américain– à plus de huit milliards de dollars de ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats.
Ces ventes ont indigné des parlementaires américains qui craignent que les armes soient employées contre des civils au Yémen par la coalition menée par Ryad et Abou Dhabi. Des élus démocrates et républicains du Congrès avaient voté en juin pour forcer le blocage de ces ventes, mais sans réunir assez de voix pour outrepasser le veto présidentiel de Donald Trump.
Le New York Times avait révélé vendredi que les forces loyales au Gouvernement d’union nationale (GNA) en Libye avaient découvert notamment des missiles antichars Javelin de fabrication américaine sur une base utilisée par des combattants de l’homme fort de l’est libyen Khalifa Haftar.
Ils proviendraient d’une cargaison vendue par les Etats-Unis en 2008 dans le cadre d’un contrat avec les Emirats et le sultanat d’Oman, précisait vendredi le New York Times.
La diplomatie américaine a indiqué samedi enquêter sur ces informations.
De leur côté, les Emirats arabes unis ont démenti mardi avoir acheminé des missiles américains en Libye.
Les Emirats ne sont « pas les propriétaires des armes découvertes en Libye » et ils « réitèrent leur engagement à entièrement coopérer avec les experts des Nations unies », a déclaré le ministère émirati des Affaires étrangères, dans un communiqué cité par l’agence de presse officielle WAM.
Les Emirats « appellent aussi toutes les parties à la désescalade et à réengager le processus politique mené par l’ONU » en Libye, selon ce communiqué.