C’est un peu le mariage de la carpe et du lapin. Ou quand Anne Hidalgo, maire de Paris, s’allie à la LICRA et à l’extrême droite pour tenter de faire interdire un festival afroféministe. Tout part d’une « fake news » : la maire de Paris décide, après avoir été alertée par la LICRA, de condamner « avec fermeté l’organisation à Paris de cet événement ‘interdit aux blancs’ » et de « demander l’interdiction » du festival afroféministe Nyansapo. Sauf que cet événement n’est en rien « interdit aux blancs », comme le dit Anne Hidalgo. Comme l’indique l’affiche du festival, ce dernier est « ouvert à tou.te.s » et accueille quelques espaces « en non-mixité. » Un peu plus tôt, Alain Jakubowicz, le président de la LICRA, s’est empressé de dire que Nyansapo était « interdit aux blancs », reprenant ainsi la rhétorique de l’extrême droite qui s’était, la première, emparée du sujet et qui avait réclamé des explications à la maire de Paris.
Festival « interdits aux blancs »: #RosaParks doit se retourner dans sa tombe. Le combat antiraciste devenu l’alibi d’un repli identitaire. pic.twitter.com/XXgvyQHOTh
— LICRA (@_LICRA_) 26 mai 2017
Ni une ni deux, Anne Hidalgo a tenu à éteindre la polémique. Il faut dire qu’il y a plusieurs mois, le « camp d’été décolonial » avait agité les médias. Anne Hidalgo a sans doute voulu éviter que sa mairie ne connaisse une mauvaise publicité. Mais qu’Anne Hidalgo s’attaque à la non-mixité lorsqu’elle concerne des afroféministes alors que, dans le même temps, elle subventionne la Maison des femmes de Paris et ses réunions non mixtes pose un sérieux souci. D’autant que la non-mixité n’est pas du racisme mais bien « une nécessité politique », comme l’écrit Christine Delphy sur LMSI.net, qui indique que, « si la mixité choisie (ou plus exactement : la possibilité de choisir – ou pas – la mixité) constitue un objectif pour les dominé.e.s, le chemin qui y mène passe nécessairement par des moments de non-mixité choisie. »
La maire de Paris participe aussi à l’hystérisation du débat. Là où l’on devrait parler de lutte contre le racisme, Anne Hidalgo caricature le message. Car si le collectif Nyansapo a décidé de mettre en place des ateliers non mixtes, c’est qu’il y a une raison. « L’objectif des ateliers non mixtes est de proposer une plateforme pour que la parole des personnes concernées par les thématiques abordées soit non seulement libérée mais posée, reconnue et respectée », explique le collectif, désormais très soutenu. Une pétition pour demander à Anne Hidalgo de ne pas demander l’interdiction du festival a été publiée et le hashtag #JeSoutiensMwasi cartonne sur les réseaux sociaux. Quant à la préfecture de police de Paris, elle affirmait hier n’avoir « pas été saisie, à ce jour, de l’organisation de cet événement. » De son côté, le collectif Nyansapo a pu bénéficier d’une certaine publicité et récolter des dons pour organiser son festival. Grâce à une belle association LICRA-extrême droite.