J’ai décidé aujourd’hui d’ouvrir tout à fait par hasard le Coran afin de tomber sur un verset que je vais choisir de commenter. En ouvrant ce dernier, je suis tombé naturellement sur :
« Et Allah [Dieu] connait le mieux vos ennemis. Allah suffit comme Ami et Allah suffit comme aide » – Sourate An-Nisa, verset 46.
Intéressante rencontre fortuite avec ce verset qui peut être vu selon deux objectifs. Le premier s’inscrit dans le cadre du contexte de la sourate et le second comme un verset plus général faisant référence aux différents moments de la vie où l’homme peut se sentir particulièrement délaissé. Nombre de fois des collègues viennent vous voir en soutenant qu’untel n’est plus ce qu’il était car il l’a délaissé en raison d’une petite histoire du quotidien.
Au fond, c’est quoi la vraie amitié ?
C’est ici que ce verset trouve toute sa profondeur et tout son sens. Au fond, qu’est-ce qu’un vrai ami ? D’abord, entre les musulmans, le Coran impose que les croyants ne soient pas vus comme des amis mais comme des frères. C’est ainsi les notions de bienveillance et de fraternité qui guident le lien entre deux croyants. Mais concernant les non-musulmans, les conditions ne sont pas bien différentes. La bienveillance et la fraternité sont au contraire omniprésentes.
Bien plus encore, le Prophète de l’Islam est également allé jusqu’à accorder ces deux critères définissant l’amitié aux ennemis qui l’ont pourtant invectivé et détesté. On se souvient de ce groupe de Mecquois qui jeta un tas d’intestins de chameaux pendant que le Prophète de l’Islam se prosternait dans sa prière ou encore cette autre femme qui lui jetait des ordures dessus lorsqu’il passait dans la rue.
On ne peut pas considérer ces dernières comme des amis du prophète de l’Islam mais plutôt comme des ennemis. Or, lorsqu’une tomba malade, le Prophète de l’Islam s’empressa de prendre de ses nouvelles et fit preuve de bienveillance et de fraternité envers elle. Ces deux critères ont même poussé à la conversion de la femme à l’Islam. C’est pourquoi, avant d’attaquer le restaurant qui avait pris une posture islamophobe (l’affaire du Cénacle), j’avais appelé les musulmans à faire preuve de bienveillance et de fraternité, dans la droite ligne des exemples qui nous ont été légués par le Prophète de l’Islam.
Et si les liens d’amitié ne tiennent pas ?
Au fond, ce n’est que si les liens d’amitié ne tiennent plus que le Coran précise que le seul vrai ami, constant et éternel, est Dieu. Et que cet ami a des pouvoirs incommensurables. En réalité, les musulmans oublient bien souvent que ce n’est pas en brutalisant que le Prophète de l’Islam a gagné la bataille de Badr’. Mais ce sont bien ses prières nocturnes avec un ami qui lui a toujours été fidèle qui l’ont aidé et c’est sur cela que doit porter notre réflexion.
Cette amitié fidèle était celle de Dieu et de son Prophète qui lui a enseigné l’expression, la sagesse, l’humilité et surtout les tréfonds de la grandeur humaine. C’est en cela que le rapport avec Dieu est fondamental. Et le Ramadan doit nous appeler à poser des fondations solides pour les mois à venir de cette relation particulière d’amitié avec Dieu.
Et puis n’oublions pas un détail qui sera en ravir plus d’un : le Prophète de l’Islam a soutenu de se faire des cadeaux, car les cadeaux renforcent l’amitié entre les hommes !
* Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur spécialisé sur les questions d’Islam et de laïcité. Retrouvez ici sa page Facebook.