C’est ce qui s’appelle avoir été acculé. Il n’empêche : au cours du premier Conseil des ministres du gouvernement Philippe II, ce matin, le président de la République a formellement exigé de ses fonctionnaires en rapport avec la gestion des migrants échoués à Calais que ces derniers soient traités avec « plus d’humanité ». « Instruction a été donnée aux préfets de démontrer davantage de souplesse, et notamment plus d’humanité », vient ainsi de s’exprimer le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, à l’issue de la réunion. « Nous ne pouvons traiter des femmes et des hommes comme de simples numéros », a-t-il ajouté. Castaner a également précisé que la réforme de la procédure pour l’octroi de l’asile figurait parmi les priorités du nouveau chef de l’Etat. Pas moins de 400 migrants, originaires du Moyen-Orient et d’Afrique, se sont en effet réinstallé dans les abords de la ville portuaire du Nord, quelques mois seulement après en avoir été chassés à force de bulldozers sous la présidence de François Hollande. Ce qui était surnommé « la jungle de Calais » concentrait, jusqu’en novembre 2016, plusieurs milliers de réfugiés rêvant de rejoindre la Terre promise : le Royaume-Uni. En attendant, la plupart échouaient dans cette ultime traversée et restaient dans des campements vétustes aux conditions de vie déplorables. Calais était alors devenue le symbole du fiasco européen dans la gestion de la « crise des migrants ».
« Des mineurs dorment à même le sol »
La décision de ce jour ne doit rien au hasard : elle survient quelques jours après la rencontre entre Emmanuel Macron et Jacques, le Défenseur des droits, auteur d’un rapport accablant sur la gestion de cette « zone de non-droit » qu’est devenue Calais. Aujourd’hui encore, l’ancien Garde des Sceaux d’Alain Juppé a enjoint le gouvernement de veiller à ce que les migrants aient « un accès pérenne à l’eau » potable et que les diverses associations humanitaires présentes sur place soient autorisées à leur distribuer des vivres. « La détermination du gouvernement de ne pas voir les migrants revenir à Calais (…) semble donner lieu à tout moyen pour éviter que ceux-ci ne s’y réinstallent : les tentes et les abris sont interdits, des personnes – y compris mineures – dorment à même le sol », a déclaré Toubon ce matin. Plus tôt ce mois-ci, deux ONG avaient accusé la police de faire un usage excessif de la force contre les migrants et pour empêcher la distribution de repas. Une police omniprésente dans cette commune d’à peine 80 000 habitants, eux aussi excédés par la situation. Un chauffeur de poids lourd avait trouvé la mort dans un accident causé par le blocage de l’autoroute par des migrants, qui avaient installé trois troncs d’arbre.