Le candidat travailliste Sadiq Khan, musulman et fils d’un immigré pakistanais, devrait, sauf surprise, devenir le nouveau maire de Londres.
C’est un double événement : huit ans après avoir dû lâcher le poste de maire de Londres, les Travaillistes sont de retour. Et pour succéder à Boris Johnson, c’est un musulman qui devrait être choisi. Sadiq Khan avait tout pour plaire, dans cette ville multiculturelle où un Londonien sur huit est musulman et où un sur trois est né à l’étranger : « Un maire de Londres, fils d’un immigré et de chauffeur de bus, et de foi musulmane, un tel maire serait une réponse sans appel à ceux qui voulaient, il y a dix ans, détruire notre mode de vie », explique Sadiq Khan. Un beau message également envoyé « en Syrie et en Irak, aux terroristes rempli de haine », avait-il dit en 2005, au moment d’être élu député.
Une histoire qui ressemble à celle des autres immigrés
Si le résultat de l’élection est inédit, la campagne, elle, restera comme l’une des plus sales de l’histoire de la ville : le Conservateur Zac Goldsmith n’a cessé de dit que Sadiq Khan était un musulman extrémiste. Ce à quoi l’intéressé avait répondu : « Je n’ai jamais cessé de dénoncer les extrémistes de façon très ferme. J’ai même une fatwa contre moi pour mon combat en faveur du mariage homosexuel. C’est difficile. » Le futur maire de Londres estime que « Londres est la seule ville au monde où (il) veut élever (ses) filles. » Surtout, il représente une majorité de Londonien : « Mon histoire est celle de nombre d’immigrés, d’enfants et de petits enfants depuis des milliers d’années », résume-t-il.
Issu d’une famille d’origine pakistanaise, Sadiq Khan est donc le fils d’un ancien chauffeur de bus et d’une maman couturière. Avec ses huit frères et sœurs, il a vécu dans un logement social d’un quartier de la banlieue sud de Londres. Le politicien du parti travailliste est, à 45 ans, l’exemple de l’intégration prôné par la société britannique. Avocat qui se concentre sur la lutte contre la discrimination, il est élu député, et aura été également ministre des Communautés, pour ensuite rejoindre le ministère du Transport. Cette victoire annoncée, c’est aussi celle de la classe populaire : Sadiq Khan va battre Zac Goldsmith, fils du richissime financier franco-britannique Jimmy Goldsmith. Un message fort, donc.