2002. Alors simple maire d’Évry, Manuel Valls décide de s’opposer catégoriquement à l’idée du supermarché Franprix de créer un rayon halal. Ne s’appuyant sur aucune loi existante, Manuel Valls avait alors déclaré, pour se justifier : « Si même le Franprix se spécialise, c’est le signe qu’il vaut mieux que tous ceux qui ne mangent pas halal quittent le quartier. Si on ne fait rien, si on accepte un échelon supplémentaire dans la spécialisation, le quartier va devenir un ghetto. » Le farouche opposant au halal avait alors indiqué à la direction du Franprix d’Évry qu’il enverrait « tous les pouvoirs de police. » Une menace à peine voilée d’envoyer les services fiscaux ou encore l’inspection du travail en cas de mise en place d’un rayon halal.
Le voile, un « asservissement de la femme »
Entre les Français musulmans et Manuel Valls, c’est une longue histoire de désamour. Récemment invité du « Sursaut », une rencontre censée promouvoir la laïcité en France, le Premier ministre a notamment montré son obsession pour le voile. Ce dernier, avait-il dit, « n’est pas un phénomène de mode, c’est un asservissement de la femme. » Avant de conclure que le voile était un « signe politique qui vient confronter la société française. » Critiqué par le New York Times car il n’écoute pas assez les femmes musulmanes, Valls s’était énervé contre le quotidien américain et s’était fendu d’une réponse toute en mensonges. A la même période, le Premier ministre avait même menacé les musulmans de ne plus leur garantir leur liberté de culte ou encore fustigé le foulard en déclarant que : « Marianne, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! » Mais ça, c’était avant.
Valls, devenu muslim-friendly
Car depuis plusieurs mois, Manuel Valls a légèrement adouci son discours envers l’Islam. Comme Nicolas Sarkozy, le Premier ministre sortant rêve d’un « Islam de France. » « Notre pays doit faire la démonstration que l’Islam est compatible avec la démocratie », expliquait-il dans le JDD, sous-entendant que, jusqu’à maintenant, l’Islam est incompatible avec les valeurs de la France. Certainement conscient qu’il allait devoir édulcorer son discours, Manuel Valls — qui estimait que l’Islam serait le principal enjeu électoral pour 2017 — est allé jusqu’à affirmer que l’Islam est « une part indissociable de notre culture et désormais de nos racines. » Le Premier ministre aurait-il retourné sa veste ? Non, Manuel Valls a simplement voulu se démarquer d’un François Hollande qui venait d’affirmer, dans son livre-confession, qu’il y a en France « un problème avec l’islam. » Car l’ancien maire d’Évry a toujours fustigé les musulmans, estimant que dans sa ville, il n’y avait pas assez de « white. » Favori des sondages pour la primaire socialiste, une éventuelle élection de Manuel Valls serait sans doute ce qui pourrait arriver de pire à une communauté déjà assez stigmatisée.