Qualifiée de salafiste et soupçonnée de « promotion de la violence », la décision de fermeture de la mosquée d’Ecquevilly est contestée aujourd’hui devant le Conseil d’Etat par l’association gestionnaire Malek Ibn Anas.
C’est aujourd’hui que les représentants de l’association Malek Ibn Anas, en charge de la gestion de la mosquée d’Ecquevilly, vont contester la décision de fermeture. suite aux justifications de salafisme et de promotion de la violence avancées par les autorités. Située dans une commune des Yvelines, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, les gestionnaires et fidèles de la mosquée se défendent de ces soupçons, revendiquant en revanche un salafisme quiétiste. La fermeture a été actée le mois dernier, à l’instar de trois autres mosquées du département, par un décret signé par le préfet Serge Morvan. Un décret qui stipule que la mosquée d’Ecquevilly entretient des liens avec « un mouvement salafiste influent qui prône un islam rigoriste et qui appelle à la discrimination, à la haine et à la violence ».
Moins de 5% des mosquées étiquetées « salafistes »
Pourtant, l’avocat de l’association, Vincent Brengarth, affirme qu' »aucune preuve ne vient conforter ces accusations », qualifiant la mesure de « rupture de l’égalité ». Selon l’avocat, au nom de la lutte contre le terrorisme, le pays est en train de bannir « toutes formes d’Islam en France simplement parce qu’elles ne se conforment pas aux canons d’un Islam républicain ». Une décision « inique », qui a motivé l’appel des représentants de la mosquée devant la plus haute juridiction administrative de France. Dans un communiqué, l’association insiste : la mosquée prêche un salafisme quiétiste, le plus répandu de cette branche rigoriste de l’Islam sunnite, éloignée dans ses préceptes du salafisme djihadiste ou révolutionnaire. L’Islam prôné par la mosquée d’Ecquevilly est « apolitique et pacifique », poursuit le texte du communiqué tel que rapporté par Le Parisien.
En août déjà, le ministère de l’Intérieur avait annoncé la fermeture d’une vingtaine de mosquées et de lieux de prière musulmans, considérées comme des sites de prédication pour un Islam radical depuis décembre 2015. « Il n’y a pas de place (…) en France pour ceux qui appellent et incitent à la haine dans les lieux de culte ou dans les mosquées », avait justifié le ministre Bernard Cazeneuve, avertissant alors que la série de fermetures allait continuer. Le mois précédent, Manuel Valls avait évoqué une suspension provisoire du financement étranger des mosquées de France, suite à la série d’attentats djihadistes qui ont frappé le pays depuis janvier 2015, revendiqués par l’Etat islamique. Sur les quelque 2500 mosquées et lieux de culte musulmans répertoriés en France, environ 120 – donc moins de 5% d’entre eux – sont épinglés par les autorités pour diffuser un discours et une pratique relevant du salafisme radical.