Plusieurs mosquées salafistes sont menacées de fermeture à Lyon. Objectif : lutter contre les dérives. Les responsables de ces lieux de culte sont aujourd’hui dans l’incompréhension.
C’est ce qu’on appelle « l’Islam de la République. » De nombreux représentants du culte musulman et la préfecture du Rhône travaillent ensemble pour, disent-ils, « lutter contre les dérives » se plusieurs mosquées. Une dizaine de propositions sont sorties de cette collaboration, parmi lesquelles celle de fermer plusieurs mosquées salafistes. C’est le cas de celle de la rue Sébastien Gryphe, à la Guillotère, dans le 7e arrondissement de Lyon, dont Rue89 a rencontré l’un des responsables.
Pas d’opposition avec les autorités
Comme l’indique le magazine en ligne, les représentants du culte musulmans – non reconnus par les salafistes – veulent réformer les lieux de culte de ces derniers. En revanche, explique le responsable de la mosquée interrogé par Rue89, les salafistes reconnaissent le préfet et se plieront donc à la décision émanant des autorités de fermer leur lieu de prière. « Si les autorités nous ferment, nous ne nous y opposerons pas », assure-t-il, précisant qu’il « est interdit religieusement de se révolter contre le gouverneur. Ceux qui le font sont nos pires ennemis. »
Oui mais voilà, prévient le salafistes : « On ne nous empêchera jamais de pratiquer notre religion entre nous. Nous continuerons à porter la barbe et à nous vêtir comme nous l’entendons. » C’est bien entendu l’un des acquis des lois de la République. Pourtant, explique le responsable de la mosquée bientôt fermée, « ce qui gêne ces personnes, c’est que nous sommes des religieux. Les rabbins ou les prêtres catholiques s’habillent d’une certaine manière. Nous, c’est la même chose. Pour atteindre la piété, nous devons nous vêtir comme des religieux, à la manière du Prophète. »
« Je n’oblige personne »
Si le sujet peut être débattu, au sein même de la communauté musulmane, la loi française n’interdit pas à ces hommes d’être vêtus ainsi. D’autant qu’ils sont des citoyens comme les autres : « Nous travaillons tous, nous avons tous des smartphones et des baskets de marque », ironise le responsable qui prône un discours loin du prosélytisme : « Pour moi, ma femme ne doit pas discuter seule avec un autre homme. Mais chacun fait ce qu’il veut. Je n’oblige personne. Mais qu’on ne m’oblige pas », s’exclame-t-il.
Quoi qu’il en soit, la fermeture des mosquées salafistes – une fermeture administrative en application de la réglementation sur les établissements recevant du public, indique Rue89 – reviendrait à faire prier les salafistes clandestinement. Les autorités disent vouloir lutter contre les dérives. Or, on sait tous que les services de renseignement français ont une oreille dans chaque mosquée. Les fermer, c’est laisser de potentiels radicaux dans la nature. C’est également frustrer des hommes qui ne sont pas dans la dérive en les empêchant d’exercer leur culte librement. Comme l’autorise la loi.