Au début des années 2000, la ville de Marseille avait approuvé qu’une mosquée soit perchée dans le quartier Saint-Louis, non loin de l’église du même nom. Un projet qui ne verra finalement pas le jour. A qui la faute ?
A Marseille, la communauté musulmane est l’une des plus importantes de France : elle représente 25 % de la population totale marseillaise, soit plus de 250 000 personnes, dont 80 000 pratiquants. C’est donc tout logiquement qu’un projet d’édification d’une mosquée géante avait été proposé et approuvé par le Conseil municipal de la ville. Mais le projet ne verra jamais le jour. La mairie de Marseille va en effet résilier lundi prochain le bail du terrain, d’une superficie de 8000 m2, qui devait accueillir le lieu de culte et mis à la disposition de l’association la Mosquée de Marseille il y a dix ans. Cette décision a été justifiée par Marie-Agnès Caradec, l’adjointe à l’urbanisme, qui évoque des problèmes d’ordre financier : « Depuis 2013, nous avons des soucis de recouvrement des loyers. Aujourd’hui, les dettes cumulées s’élèvent à 62 000 euros, soit trois ans de loyer. »
A Lyon, un institut culture de civilisation musulmane a subi le même sort
Du côté de la communauté musulmane, c’est l’incompréhension : « La municipalité nous a ligotés par des conditions qui ne nous laissaient aucune autonomie », déplore Abderrahmane Ghoul, président de l’association, au quotidien Libération. Il faut dire que le loyer annuel du terrain est passé de 300 euros à… 24 000 euros après que le Front National a saisi le tribunal administratif. Or, il fallait également trouver 22 millions d’euros pour dresser l’édifice de culte. Ce qui était impossible, selon l’association, qui affirme avoir eu un délai trop court pour ce projet. « La mosquée de Paris a mis quarante-deux ans à sortir de terre, celle de Lyon vingt-six ans », rappelle son président, qui déplore également un manque de dialogue entre la mairie et les membres de l’association. Abderrahmane Ghoul envisage une action en justice. L’annulation du projet de construction de la mosquée de Marseille s’ajoute à la liste de projets qui n’ont jamais vu le jour. Comme celui prévoyant la création d’un institut culture de civilisation musulmane à Lyon, dont les financements ont été coupés par Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, malgré l’accord initial du Conseil régional. Un peu plus tôt dans l’année, Christian Estrosi s’était farouchement opposé à l’ouverture de la mosquée En-Nour, à Nice, qui avait finalement été autorisée par le préfet du département des Alpes-Maritimes. Il existe plus de 2 500 mosquées et salles de prière en France.