A Toulouse, le budget de la construction de la future mosquée du Mirail est presque bouclé. Le chantier avance et l’association qui le gère avance sereinement. Un bel exemple de future mosquée 100 % française.
Donner « aux musulmans de Toulouse ou de passage l’opportunité de vivre leur religion dans un cadre digne, respectueux de soi et des autres en évitant les prières dans la rue ou dans des conditions météorologiques pénibles. » Voilà l’objectif de l’association cultuelle et culturelle Islamique en France (ACCIF), qui finance actuellement les travaux de la future grande mosquée du Mirail, à Toulouse. Une mosquée 100 % « made in France », comme l’explique à La Dépêche l’imam Mamadou Daffé, directeur de recherche au CNRS en pharmacologie et biologie moléculaire. Un travail de longue haleine débuté en… 1977. Tout a commencé dans un local de 35 mètres carrés, alors que la mosquée sera, elle, érigée sur un terrain de 2 500 mètres carrés. Le chantier a bien démarré, indique l’imam, qui explique : « Nous avons presque terminé le gros-œuvre. Il reste quelques travaux de finitions. Depuis ce mois de septembre, nous avons entamé les travaux d’étanchéité. »
Un appel au financement commencé dans les années 1990
Mais le budget n’est pas encore totalement bouclé, même si les 4 millions d’euros nécessaires à la construction de la mosquée ont été réunis à 91 %. « Cela a pris un certain temps pour réunir cette somme depuis les années 90 », admet Mamadou Daffé, qui espère que les près de 350 000 euros manquants entreront rapidement dans les caisses de l’association. « L’une des fiertés de ce projet est qu’il est entièrement soutenu par les fidèles et sympathisants de tous horizons, en grande majorité des particuliers anonymes et quelques entreprises du tissu économique local », se félicite l’imam, qui veut montrer qu’il est aujourd’hui possible de construire un lieu de culte musulman en France sans passer par des financements étrangers. « On peut dire que c’est une mosquée 100 % ‘made in France’, et Toulouse peut en être fière ! », assure le directeur de recherche, qui estime que le bâtiment sera prêt pour accueillir les fidèles dès la fin de l’année 2017. Les membres de l’association multiplient les initiatives pour, disent-il, « éviter tout arrêt des travaux. »
La motivation est donc là. Et avec elle, la volonté de « renforcer l’esprit d’égalité pour tous, la liberté de culte, et la fraternité humaine. » L’ACCIF affirme vouloir « réconcilier l’histoire des musulmans de Toulouse avec leur vécu au quotidien pour mieux préparer l’avenir. » C’est d’ailleurs dans ce cadre que l’association vient de lancer son site internet qui a pour vocation de « mieux répondre aux attentes des différents usagers », indique Mamadou Daffé. Les internautes peuvent, grâce à ce portail, « trouver des réponses sur l’islam, connaître ses similitudes ou différences avec les religions des prophètes avant Mouhammad, sur la pratique religieuse en particulier et sur la participation à la vie associative en développant la solidarité et l’entraide à travers les petites annonces par exemple. » A l’heure où le chantier de la mosquée de Marseille a été annulé et au moment où Christian Estrosi s’élève contre la mosquée de Nice, l’exemple de Toulouse montre qu’il est encore possible de construire une mosquée en France dans le calme et la sérénité.