Le 24 janvier 2014, une voiture piégée explose près du siège de la police, au Caire. Et le musée islamique de la capitale égyptienne figurait parmi les dégâts occasionnés. Des dégâts qui ont affecté la façade et l’intérieur de l’édifice, puisque 30% des oeuvres ont été endommagées et ont nécessité un long travail de restauration. “Nous avons tellement pleuré quand on a vu ça, parce que réellement tout ce qu’on voyait étaient toutes ces pièces éparpillées au sol.” a déclaré Shahinda Karim, professeur d’arts islamiques à l’Université Américaine du Caire. Tout juste trois ans après l’attaque dévastatrice, le musée rouvre enfin ses portes. L’inauguration du 19 janvier dernier a montré que 160 vestiges sur 179 avaient été restaurés, parmi lesquels de magnifiques travaux de céramique et de verrerie, alors complètement fragmentés. Les pièces restaurées ont été replacées sous vitrines, accompagnées de symboles dorés afin de les distinguer des autres vestiges. La restauration du bâtiment aura aussi permis de créer trois nouvelles galeries, qui exposent désormais 4 400 pièces – soit le triple de ce qui était exposé avant l’attaque.
Victoire de l’art
“L’inauguration du musée islamique représente la victoire de l’Egypte face au terrorisme, la force du pays et sa volonté de réparer ce que le terrorisme a endommagé, et de se battre contre ces terroristes qui désirent détruire son héritage”, a déclaré Khaled El Enany, le ministre des Antiquités. Avec l’aide des Nations Unies – et de l’UNESCO en particulier -, des Emirats Arabes Unis et d’autres pays, le musée a pu renaître de ses cendres et est même devenu plus riche en ressources artistiques. Aujourd’hui, le musée propose une grande collection de bijoux, de tapis persans, une grandiose porte de mosquée gravée d’argent et une épée qui, parmi d’autres biens, aurait appartenu au prophète Mohammed. Le musée renferme plus de 10 000 pièces, datant du VIIe au XIXe siècles et provenant d’Iran à l’Andalousie, parmi lesquelles on peut compter de précieux manuscrits, plusieurs exemplaires du Coran – notamment celui du calife Othman Ibn Affan – et d’autres documents qui relatent 1000 ans d’histoire islamique. « Je pense que la réouverture du musée est extrêmement importante parce qu’il existe tellement de propagande négative concernant le monde islamique que c’est une manière de montrer aux gens que c’était l’une des cultures les plus avancées”, a affirmé Shahinda Karim. Et il n’y a pas meilleure manière de le prouver qu’à travers l’art.