Par la voix du ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, en visite en Iran, le gouvernement a annoncé hier que le quota de visas octroyés aux ressortissants iraniens serait doublé. Cette initiative survient en réaction à la mesure « discriminatoire » promulguée par le président américain à l’encontre des nationaux de sept pays bannis pour activités terroristes, tous à majorité musulmane et/ou arabe. Dans un discours prononcé hier devant la communauté française à Téhéran, l’ancien Premier ministre de François Hollande a averti que « le terrorisme n’a pas de nationalité » et que « la discrimination n’est pas une réponse ». Il a en outre souligné que l’accueil des réfugiés était autant un « devoir » qu’une « question de solidarité ». Dans des déclarations précédentes à la presse, Jean-Marc Ayrault n’a jamais dissimulé son opposition à la politique migratoire appliquée par Donald Trump, qualifiant son dernier décret « d’inquiétant et dangereux », sans « aucun lien avec la lutte contre le terrorisme ». « Nous demandons une clarification dès que possible de la part des Etats-Unis », a-t-il ajouté.
Indignation diplomatique et préoccupations économiques
En réponse à la rigidité de la position américaine, le chef de la diplomatie française a promis à ses hôtes que la France accordera cette année le double du nombre de visas habituel pour les Iraniens. Une source diplomatique a précisé qu’en 2016, le consulat français à Téhéran avait émis quelque 40 000 visas de tourisme, d’études ou de travail. Le chiffre serait donc porté en 2017 à 80 000. La visite de deux jours effectuée par Ayrault dans le pays perse a aussi été l’occasion d’assurer les dirigeants iraniens du soutien de la France face à une autre menace brandie par le nouveau locataire de la Maison Blanche quant à la remise en cause de l’accord nucléaire, qui a permis au géant du Golfe Persique de réintégrer la communauté internationale.Un enjeu diplomatique et surtout commercial : la délégation d’hommes d’affaires et de représentants d’une soixantaine d’entreprises françaises qui a accompagné le ministre en Iran entend bien suivre le sillage d’Airbus ou Total et tirer profit d’un marché de 80 millions d’habitants.