La ville de Makassar, au sud de l’île indonésienne de Sulawesi, a connu ce matin une agitation inhabituelle. Des raids de policiers ont été menés dans des commerces de quartier pour confisquer… leurs stocks de préservatifs. « Ces descentes ont été effectuées suite aux témoignages de résidents, qui ont indiqué que ces boutiques vendaient des préservatifs de façon illégale, notamment en ce jour de Saint Valentin », a commenté un représentant de la police. Les commerçants ciblés ont en outre reçu l’ordre de ne vendre aucun type de contraceptif aux adolescents. Dans un pays à forte majorité musulmane mais où la liberté religieuse est garantie par la Constitution, qui reconnaît officiellement six religions, le plus haut conseil de dignitaires musulmans du pays avait émis en 2012 une fatwa interdisant la Saint Valentin, pour son antagonisme avec les valeurs et les enseignements de l’Islam.
Haro (aussi) sur les musulmans déguisés en Père Noël
Pourtant, à Djakarta, la capitale, et dans d’autres parties de l’Indonésie, le jour de la Saint Valentin est devenue une date attendue, notamment par les commerçants qui y voient aussi, comme ailleurs dans le monde, un filon à exploiter. Des organisations de défense des droits de l’Homme ont exprimé leur inquiétude quant à l’influence grandissante de groupes islamistes radicaux, s’indignant de leur immixtion dans la vie privée, voire intime, de certains de leurs compatriotes. Des militants extrémistes ont ainsi entrepris en fin d’année dernière une tournée des centres commerciaux à l’est de Java pour s’assurer que les magasins n’avaient pas ordonné à leurs employés musulmans de porter les attributs du Père Noël. A Surayaba, la deuxième plus grande ville du pays, les autorités provinciales ont exigé des établissements universitaires qu’ils veillent à ce que leurs étudiants ne célèbrent pas la fête des amoureux, que ce soit « à l’intérieur ou à l’extérieur de l’école », car cette fête s’oppose aux « normes culturelles et sociales » de la région, selon les termes d’un communiqué officiel publié sur le site officiel de la ville. Les instituts et centres d’enseignement de la province de l’ouest de Java, la plus peuplée d’Indonésie, ont également reçu le même genre d’instructions. Des mesures péremptoires permises par la forte décentralisation qui caractérise le pays aux 205 millions de musulmans.