Israël menace d’une attaque au sol de grande envergure sur la ville de Rafah avant le début du ramadan. Cette menace intervient alors que le mois du jeûne musulman approche, suscitant des inquiétudes quant au sort des 1,5 million de Palestiniens coincés dans cette ville du sud de la bande de Gaza.
« L’ancien ministre de la Défense Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu, a prévenu que si les otages israéliens ne sont pas à la maison d’ici le ramadan, les combats vont continuer partout, y compris dans la région de Rafah », rapporte Le Monde.
Cette escalade survient malgré les tentatives de médiation menées par l’Égypte et le Qatar, qui n’ont pas réussi à aboutir à un accord sur une trêve et la libération des otages. Les pourparlers ont achoppé sur les demandes du Hamas, qualifiées de « délirantes » par Benjamin Netanyahu, notamment un retrait israélien de Gaza et la fin du blocus israélien.
« Les déclarations de Benny Gantz traduisent une dissension au sein du cabinet de guerre », analyse Guillaume Ancel, expert militaire, sur l’antenne de France 24. « Si les extrémistes conduits par Netanyahu veulent aller jusqu’au bout, les plus modérés comme Benny Gantz veulent laisser une porte ouverte pour des négociations qui se passent actuellement très mal. »
D’après un responsable du Hamas cité par Haaretz, l’arrivée au Caire du leader du mouvement palestinien Ismaïl Haniyeh ne signifie pas une quelconque avancée dans les négociations. Parrainés par l’Égypte et le Qatar, plusieurs cycles de discussions ont déjà eu lieu au Caire au début du mois mais sans parvenir à un accord sur une trêve et la libération des otages israéliens contre celle de prisonniers palestiniens.
En cas d’échec d’éventuelles nouvelles négociations, la perspective d’une offensive militaire sur cette ville surpeuplée fait craindre le pire pour les réfugiés palestiniens alors que plus de 29 000 personnes ont déjà été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas.
« Sur une superficie de 10 km², il y a près d’1,5 million de Palestiniens, cela va nécessairement générer un massacre de la population civile », pointe Tewfik Hamel, enseignant-chercheur en histoire militaire, tandis que Guillaume Ancel rappelle que la ville est déjà soumise à des bombardements quotidiens destinés « à préparer le terrain » à une attaque au sol.
« Une offensive militaire va créer encore plus de chaos », affirme Jamie MacGoldrick, coordinateur des Nations unies pour le Moyen-Orient, interrogé sur France 24. Les rapports des organisations humanitaires sont de plus en plus alarmants sur la situation dans la bande de Gaza, où 2,2 millions de personnes sont menacées de famine. Selon les agences de l’ONU, les denrées alimentaires et l’eau potable sont devenues « extrêmement rares » et 90 % des jeunes enfants y souffrent de maladies infectieuses