Il pensait se faire une petite place dans le cercle proche du président de la République. Mais à force de crier, Manuel Valls est peut-être en train de jouer sa dernière partition dans les champs médiatique et politique. Il y a quelques jours, à El Pais, il déclarait qu’il y avait, en France, « un problème de l’Islam, des musulmans. » Une sortie sur laquelle il est revenu. Dimanche, l’ancien Premier ministre a affirmé : « Parler d’un problème de l’Islam dans notre société, ce n’est pas dire que les musulmans posent un problème à notre société. » Avant d’asséner que dire que l’islamisme n’a rien à voir, « c’est déresponsabiliser l’Islam. »
Depuis plusieurs mois, Manuel Valls se pose en chantre de la laïcité. Non sans une certaine agressivité. Le député de l’Essonne s’en est pris tour à tour à Edwy Plenel et à Jean-Luc Mélenchon, espérant se forger une petite place dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Mais si, du côté de l’opposition, on ne supporte plus les sorties de Valls, du côté de la majorité, on n’en pense pas forcément moins.
« Les Français attendent autre chose que ces propos enflammés »
Dans une interview au Monde, Aurélien Taché, député LREM, se fait le porte-parole de sa formation. Et il n’est pas tendre avec l’ancien Premier ministre. « Multiplier les polémiques sur le burkini, le voile ou d’autres sujets liés à l’Islam ne fait rien avancer », explique l’élu, ajoutant que « les mots employés sont terribles. Quand Manuel Valls dit qu’il faut faire ‘rendre gorge’ aux tenants de ceux qu’il qualifie d’’islamo-gauchistes’ (…), tout cela est excessif. » Pour le député de La République en Marche, « les Français attendent autre chose que ces propos enflammés. »
Une façon de couper l’herbe sous le pied de Manuel Valls. Alors que ce dernier attend la décision du Conseil constitutionnel suite au recours déposé par Farida Amrani après les législatives, l’ex-Premier ministre semble jouer sa dernière partition. S’il tente de se poser en rassembleur, il reste pour le moment esseulé. Et le président Macron semble insensible aux appels du pied d’un Manuel Valls aux abois.