La finance islamique pose ses bases. Lentement, mais sûrement. Alors que, comme l’indiquait l’agence de notation Standard & Poor’s, la croissance de ce secteur devrait, en 2016, être moins importante que l’an dernier. Il faut dire que la codification des règles prend du temps. Cette semaine, une nouvelle étape a été franchie : l’Organisation d’audit et de comptabilité des institutions de la finance islamique (AAOIFI), une institution de Bahreïn reconnue par les financiers, a statué lundi dernier sur la compatibilité de l’or avec les règles de la charia. Ainsi dit, cela peut sembler être un détail. Mais dans les faits, c’est une petite révolution. Car la licéité ou non du métal précieux dans la finance islamique n’avait encore jamais été arrêtée. « Jusqu’à présent, quand nous demandions à des experts si investir dans l’or était compatible avec la finance islamique, ils nous répondaient oui, non ou peut-être », indique Nathalie Dempster, haute responsable au sein du Conseil mondial de l’or (CMO), interrogée par La Croix.
Usure, collecte d’intérêts et spéculations interdites
Le CMO a donc demandé à l’institution de Bahreïn « de clarifier la situation. » Ce que cette dernière a fait sans sourciller. L’AAOIFI a donc détaillé, dans un document que devrait faire référence dans le secteur de la finance islamique, ce nouveau standard. Investir dans l’or est possible, à condition de suivre quelques règles bien précises. Classé dans les catégorie des « ribawi », et la « norme charia n°57 », détaille La Croix, interdit évidemment « l’usure et la collecte d’intérêts » — c’est le principe de la finance islamique — et les « activités de pure spéculation. » « La norme offre des orientations définitives sur l’utilisation de produits liés à l’or de manière conforme à la Charia, ouvrant ainsi une nouvelle classe d’actifs d’investissement permettant aux banques islamiques et à d’autres institutions financières de proposer une gamme plus large de produits d’épargne », indique l’AAOIFI, qui a lancé un site qui permet de tout savoir sur ce qu’il est possible ou non de proposer.