Plus de risque que l’Islam obtienne le statut de religion officielle dans un avenir proche : ainsi en ont décidé les parlementaires de Slovaquie, qui ont entériné la loi correspondante ce 30 novembre. Pays de moins de 5,5 millions d’habitants, né de la fin de la guerre froide et de la scission de la Tchécoslovaquie – l’autre pays devenant la République tchèque -, la Slovaquie n’a jamais dissimulé son opposition à toute présence visible des musulmans dans le pays. Au sein de l’Union européenne, elle a fermement milité contre l’accueil de flux importants de migrants sur le continent depuis 2015. Car musulmans dans leur grande majorité. Pour justifier cette position, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, affirme que l’Islam « n’a pas sa place », tout bonnement, dans le pays.
Le projet de loi adopté mercredi par le parlement a été lancé par le Parti national slovaque (SNS), formation minoritaire au sein du gouvernement de Fico. Pour barrer la route à une reconnaissance prochaine de l’Islam comme religion officielle, la loi exige qu’une religion doit rassembler un minimum de 50 000 fidèles pour prétendre à des subsides d’Etat et pour avoir l’autorisation d’ouvrir des écoles confessionnelles. Or, la Slovaquie compte actuellement à peine 2000 musulmans…
Pastafarisme et Islam, même combat
Selon les arguments avancés par le SNS à l’origine de l’initiative, la loi vise à éviter les constitutions d’églises abusives ou spéculatives, voire complètement farfelues, pour obtenir des subventions de l’Etat. Le parti prend appui sur l’exemple parodique de l’Eglise du Monstre du Spaghetti Volant, de la mouvance dite du « pastafarisme » et qui rassemble quelques milliers de « fidèles » du monde entier. Le prétexte était donc tout trouvé pour faire barrage à la religion la plus rejetée par les autorités slovaques. « L’islamisation commence avec un kebab, elle se développe à Bratislava », a commenté Andrej Danko, président du SNS. « Nous devons nous rendre compte de ce que nous allons devoir affronter d’ici cinq ou dix ans : il faut faire tout notre possible pour qu’aucune mosquée ne soit bâtie à l’avenir », a-t-il poursuivi.
Un sentiment répandu parmi les Slovaques, semble-t-il. Les représentants du peuple ont approuvé à une majorité des deux tiers la proposition de loi du SNS, qu’ils soient membres de la coalition au pouvoir ou de l’opposition. Les législateurs avaient rejeté une initiative identique du parti d’extrême droite « Notre Slovaquie », qui désirait élever le nombre minimal de fidèles à 250 000. L’islamophobie a encore de beaux jours devant elle dans tous les coins de l’Europe.