La police et la gendarmerie sont-elles infiltrées par les islamistes ? Selon l’extrême droite, la réponse est évidente : oui. Et ils en ont la preuve avec la photographie de trois gendarmes en train de prier, Coran à la main. Cette image circule depuis 2010 sur les très puissants réseaux de la fachosphère. Une photo réalisée par France Keyser et tirée du livre « Nous sommes français et musulmans » écrit par Vincent Geisser. Là où elle était censée délivrer un message positif, celui de montrer que l’on peut être français et être un pratiquant de l’Islam, l’image est devenue le symbole d’une supposée non-intégration. Les commentaires sur les réseaux sociaux sont d’ailleurs sans équivoque : ces gendarmes, s’ils ne respectent pas les coutumes françaises, doivent « dégager. »
Des aumôneries pour répondre aux besoins religieux des militaires
Sauf qu’il n’y a absolument rien de choquant ni d’illégal dans cette iconographie. Le journal 20 Minutes précise, citant Vincent Geisser, que « les aumôneries sont autorisées par la loi de 1905 dans les lieux publics fermés comme l’armée, les lycées avec internats, les hôpitaux et les prisons. » Ces aumôneries concernent toutes les religions, du catholicisme au protestantisme, en passant par le judaïsme. Les aumôniers ont un rôle simple : répondre aux besoins spirituels et religieux des agents, qu’ils soient de la gendarmerie ou plus généralement de l’armée. Le premier aumônier « aumônier en chef musulman » a été désigné suite à un arrêté signé le 18 mars 2005 par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense. Son rôle : nommer et gérer les aumôniers militaires. Quant à l’uniforme, il peut être gardé pendant la prière : les lieux de culte sont dans la caserne. Enfin, pour ce qui est de l’islamisation de la police, comme le rappelle Vincent Geisser, les « aumôniers (…) veillent à ce qu’il n’y ait pas de prosélytisme ou de radicalisation au sein des croyants. » Autant dire qu’on est loin du discours délivré par l’extrême droite à propos de cette photo qui, finalement, n’a absolument aucune raison de choquer.