Suite à l’attentat de Nice, les élus, aussi bien de droite que de gauche, sont d’accord pour prolonger l’état d’urgence de six mois. Bonne ou mauvaise nouvelle ?
L’attentat de Nice a bouleversé le calendrier présidentiel. Alors que François Hollande s’apprêtait à signifier la fin de l’état d’urgence, prévue pour la fin du mois de juillet, celui-ci devrait être finalement prolongé de six mois. Une décision qui devrait ravir aussi bien l’opposition que les socialistes. Même si, au sein de la majorité, certains auraient aimé que l’état d’urgence se termine, malgré le tragique épisode niçois du week-end dernier. C’est le cas de Pouria Amirshahi. Que reproche le député à l’état d’urgence ? Selon lui, « après chaque attentat, on le prolonge, sans que cela n’empêche le prochain de se produire. C’est sans fin ! Ceux qui appellent ‘l’état d’urgence permanent’ de leurs voeux ont en tout cas satisfaction ».
Pendant l’état d’urgence, des « abus inadmissibles »
Le député des Français à l’étranger n’est d’ailleurs pas le seul à penser cela. Une commission d’enquête parlementaire a décrit la « portée limitée » de l’état d’urgence. Pour le député PS Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission, si les perquisitions administratives et assignations à résidence ont eu un effet dans les premières semaines de l’état d’urgence, il « semble s’être rapidement amenuisé ». Entre novembre 2015 et avril 2016, près de 3600 perquisitions ont été menées dans le cadre de l’état d’urgence. Seules « six ont abouti à des enquêtes sur des faits liés au terrorisme », explique le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF), qui dénonce des « abus inadmissibles » de la part des forces de l’ordre.
Avec la prorogation de l’état d’urgence, le CCIF craint « la pérennisation des mesures arbitraires ». Le Comité assure avoir traité 286 dossiers de « dérives » depuis le 13 novembre 2015. On se rappelle notamment du saccage de la mosquée d’Aubervilliers. Des dérives qui, selon le CCIF, « en se multipliant, banalisent la violation, par les détenteurs de la violence ‘légitime’, des libertés fondamentales des citoyens ». Mais l’exécutif est d’accord : l’état d’urgence sera prolongé jusqu’en janvier 2017. Avec l’arrivée de l’élection présidentielle, ce même état d’urgence pourrait même encore être prolongé plusieurs mois supplémentaires. On se rapproche, comme le craignait Pouria Amirshahi, de « l’état d’urgence permanent ».