Naguère discrets, les sympathisants d’extrême droite, sur le continent européen – y compris en France – ne se dissimulent plus pour exprimer tout haut leur xénophobie et leur islamophobie. Le dernier épisode date d’hier, et s’est déroulé à Dresde, ville du Land de Saxe, dans la région de l’ex-Allemagne de l’Est. Des manifestants, partisans du mouvement « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » (Pegida), né justement dans cette ville suite à l’afflux de centaines de milliers de réfugiés en 2015, ont perturbé l’inauguration officielle d’une imposante oeuvre artistique rendant hommage aux victimes de la guerre civile syrienne.
Constituée de trois autobus érigés verticalement les uns à côté des autres et sobrement intitulée « Monument », l’oeuvre a pris place à proximité immédiate de l’emblématique église Notre-Dame. Durant l’inauguration hier, le maire de Dresde, le libéral Dirk Hilbert, a été hué et insulté par la centaine de militants de Pegida, sous les cris de « traître » ou « honte ». La police est intervenue pour tenter de saisir les pancartes véhémentes. Selon les informations publiées ce week-end par le quotidien régional Sächsische Zeitung, le maire est placé sous protection policière depuis vendredi dernier. Une mesure prise suite au harcèlement continu que subit le maire sur les réseaux sociaux et aux menaces de mort reçues.
Conçue par l’artiste allemand natif de Damas Manaf Halbouni, le « Monument » sera visible sur la place principale de Dresde durant les deux prochains mois, et se veut à la fois un rappel des souffrances endurées par les populations civiles syriennes et un appel à la paix. La date de l’inauguration n’est pas anodine non plus : elle a été choisie à quelques jours de la commémoration – le 13 février prochain – du bombardement de la ville par les troupes alliées lors de la Seconde Guerre Mondiale. Bombardement au cours duquel l’église Notre-Dame avait été totalement détruite, avant d’être rebâtie à l’identique. Instrumentalisée, cette journée de commémoration est devenue, ces dernières années, un indicateur de l’état des rapports de force entre groupes d’extrême droite et pacifistes.