En mars, Emmanuel Macron assurait que l’antisémitisme était « le déshonneur de la France » lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Trois mois plus tard et un an après avoir accepté l’invitation du CFCM, Le président français était forcément très attendu pour rompre le jeûne aux côtés des membres du Conseil français du culte musulman. D’autant qu’Emmanuel Macron avait promis une série d’annonces quant à la réorganisation du culte musulman dès le « premier semestre 2018. »
Edouard Philippe présent, Emmanuel Macron vers un désistement
L’invitation a donc été lancée, au président mais aussi à son Premier ministre, pour un iftar le 12 juin prochain dans un lieu encore à définir. Si Edouard Philippe a d’ores et déjà accepté l’invitation, Emmanuel Macron semble se diriger vers un refus. « Nous n’avons pas eu de réponse officielle », nous indique laconiquement le président du CFCM Ahmet Ogras qui espère toujours la venue d’Emmanuel Macron et se refuse à tout commentaire supplémentaire. En interne, dans l’entourage du président, on ferait actuellement tout pour éviter d’envoyer Emmanuel Macron au front.
« Aujourd’hui, Emmanuel Macron n’a sur la table aucune proposition tangible. Le tempo a été donné lors de son interview dans le JDD en février, dans laquelle il affirme qu’il exposera un CFCM remanié avant l’été. Or, l’été arrive allègrement et toujours rien à l’horizon », regrette un proche de l’organisation musulmane selon qui Emmanuel Macron « se voit mal débarquer sans aucune annonce. Mais c’est une grave erreur politique car, aujourd’hui, ça chauffe au niveau de la communauté, en particulier après la publication du Manifeste des 300 ou de la situation en Palestine. Il y a un malaise profond. »
« Le gouvernement tente de faire une OPA sur l’Islam »
Abdallah Zekri, le président de l’Observatoire de l’islamophobie et membre du CFCM, est plus catégorique que son président et a déjà « pris note » de l’absence du président français. « Il a un agenda chargé, il peut toujours passer en fin de soirée partager un thé et discuter », explique-t-il. Abdallah Zekri affirme recevoir beaucoup d’appels de fidèles s’étonnant qu’Emmanuel Macron ait participé au dîner du CRIF mais refuse l’invitation pour l’iftar du CFCM. Le membre de l’organisation musulmane se dit « pragmatique », mais se souvient de la venue du président de la République l’an dernier à la même époque. « Cela s’était bien passé, Emmanuel Macron avait pris du temps, les échanges étaient conviviaux. Nous avions appelé à voter pour lui et il avait affirmé que le CFCM était incontournable. » Visiblement, le président français a changé d’avis.
Et la non-venue d’Emmanuel Macron serait vue, au sein de l’instance musulmane, comme une trahison au moment où l’on évoque la création par le gouvernement d’un Consistoire central musulman et d’un Grand imamat. Que ce soient les membres du CFCM, de la Grande mosquée de Paris ou des autres fédérations, on attend des explications quant à ces mesures potentielles. « Le gouvernement tente de faire une OPA sur l’Islam, sans le CFCM », déplore-t-on dans la garde rapproche du président du Conseil français du culte musulman, quand Dalil Boubakeur, étonné de ne plus être invité lors des cérémonies officielles par le président de la République, s’emporte : « Je ne savais pas que nous étions de retour en monarchie ! » Ambiance.