« L’islamisation commence avec un kebab. » C’est avec un postulat pour le moins étonnant et original que le Parti national slovaque (SNS) avait réussi à faire adopter par le parlement un projet de loi pour barrer la route à l’Islam. Votée le 30 novembre dernier, cette loi devait notamment empêcher, sans le dire explicitement, une reconnaissance prochaine de l’Islam comme religion officielle. Le texte déposé par le SNS prévoyait de faire passer le seuil officiel de fidèles nécessaires de 20 000 à 50 000 pour devenir une religion d’Etat et donc pour pouvoir prétendre à des subsides d’Etat et avoir l’autorisation d’ouvrir des écoles confessionnelles. Dans un pays qui ne compte que 2 000 musulmans, c’était une façon de retarder l’échéance d’une reconnaissance de l’Islam.
Funérailles et mariages musulmans illégitimes
Mais le Parlement slovaque, dont les deux-tiers avaient voté en faveur de cette loi, a été désavoué par le président de la République. Andrej Kiska a mis son veto. Selon celui-ci, les effets de cette loi « portent atteinte aux droits fondamentaux constitutionnels et établissent une discrimination significative dans la mise en œuvre de la liberté fondamentale de religion et de croyance à l’avenir. » Kiska désavoue autant le SNS que son Premier ministre, Robert Fico, le président du parti social démocrate qui avait formé une coalition avec le parti d’extrême droite. « Tant que je serai premier ministre, je ne donnerai jamais mon accord à la création d’une communauté musulmane intégrée », avait déclaré le Premier ministre, qui refuse donc que l’Islam devienne la dix-neuvième religion reconnue en Slovaquie. En soit, rien ne change vraiment, car les musulmans sont bien loin d’atteindre le seuil des 20 000 fidèles. Au grand dam de Mohamad S. Hasna, président de la Fondation islamique de Slovaquie. Ce dernier rappelle que « les musulmans ne peuvent pas établir leurs propres écoles religieuses et les enfants musulmans ne peuvent même pas apprendre la religion en tant que matière optionnelle dans les écoles publiques. » Pire, les mariages et les funérailles dans le respect du rite musulman sont considérés comme illégitimes.