On entend souvent dire au sein de la communauté musulmane que « les 900 000 voix qui ont fait gagné Hollande, ce sont les nôtres. » En effet lors des élections de 2012 — plus encore qu’en 2007 —, cette présidentielle avait été marquée par la forte domination de la gauche dans les bureaux de vote dans les municipalités où le nombre de Franco-musulmans était plus important. Pour la présidentielle de 2012, les Franco-musulmans réclamaient « la tête de Sarkozy » et ils l’ont eue. Selon une étude du corps électoral menée par OpinionWay et Fiducial, sur 10 000 votants musulmans, 93 % ont glissé un bulletin François Hollande dans leur enveloppe afin de « nettoyer au Kärcher » celui dont l’arrogance envers la communauté musulmane était sans limite. Le PS a pu aussi s’en rendre compte aux municipales à Marseille, comme l’explique Jérôme Fourquet directeur á l’IFOP. Une « évaporation massive » du Parti socialiste qui s’observe principalement là où la population franco-musulmane est nombreuse. Le directeur de l’institut de sondages conclut : « C’est donc bien cette clientèle électorale-là qui a lâché le PS aux municipales à Marseille. » Faisant ainsi gagner la droite.
En 2017, le Parti socialiste aux abois
Il est vrai que ce genre de constat incommode, car il met en avant le poids électoral de la communauté musulmane que l’on accuse au moindre de ses mouvements de « communautarisme » — mot qui, d’ailleurs, n’est pratiquement employé que pour cette communauté. Pour les élections de 2017 la donne électorale a changé et la communauté, suite aux injonctions d’un Manuel Valls, semble cette fois-ci vouloir priver le PS de ses voix malgré une certaine sympathie pour Benoit Hamon. Soit en allant voter pour un autre candidat, soit en s’abstenant. Notre reportage dans les banlieues montre la déception de cette population quant à la politique. Les jeunes Français — en partie musulmans — des quartiers délaissés se sentent abandonnés, voire trahis par la gauche traditionnelle.
Les musulmans en Marche avec Macron ?
En revanche, à Alger, Emmanuel Macron a visé dans le mille et vient « péter le décor. » Un (presque) sans-faute minutieusement préparé qui lui a valu tous les honneurs. Puis, il a eu le courage de qualifier l’époque coloniale de « crime contre l’Humanité » quand d’autres fouillent les poubelles de l’histoire pour trouver… des « bienfaits » à la colonisation.
Par cette simple petite phrase très inspirée, Macron a rallié le soutien du pouvoir algérien et soulevé en France des promesses de votes inespérées. Il suffirait désormais qu’Emmanuel Macron élargisse ses propos à la colonisation israélienne et dénonce clairement ce que subissent les Palestiniens pour que les Franco-musulmans se mettent avec lui… En Marche !