Après la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, sous la pression conjuguée de la rue et de l’armée, une élection présidentielle avait été fixée au 4 juillet. Mais, rejetée par la rue, elle avait été annulée, faute de candidats. Le pouvoir a fixé une nouvelle date, le 12 décembre, malgré l’opposition persistante de la contestation.
« Le MSP a décidé de ne pas déposer de candidature à la présidentielle de décembre 2019 », a déclaré Bouabdallah Benadjimia, confirmant des informations de presse.
Cette décision fait suite à une réunion, samedi soir, du conseil consultatif du MSP, qui est également le principal parti d’opposition au Parlement (34 sièges sur 462).
« Les préalables requis, notamment la transparence de l’élection, la satisfaction des revendications du Hirak (nom du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis février, NDLR) ne sont pas réunis », a encore précisé M. Benadjimia.
« Nous ne soutiendrons aucun candidat (…) Nous ne sommes pas un comité de soutien », a répété Abderrazak Makri, président du MSP, agacé par la question de nombreux journalistes lors d’une conférence de presse.
M. Makri juge que le maintien du gouvernement de Noureddine Bedoui est le signe « qu’il n’y a pas de volonté politique » de lutter contre la fraude et que « les niches de la fraude électorale persistent ».
Le chef du MSP a rappelé que plusieurs partis politiques, dont le sien, et personnalités avaient finalement accepté le maintien de Abdelkader Bensalah, le chef d’Etat par intérim, mais exigé le départ de Bedoui.
« Il n’y a aucune réponse convaincante pour expliquer le maintien de Bedoui », a ajouté M. Makri soulignant que si le gouvernement avait démissionné la position du MSP aurait pu être différente.
Selon des sondages effectués sur l’ensemble du territoire par des militants du MSP, « de nombreux Algériens veulent aller à la présidentielle (…) quitte à élire un président pas tout à fait légitime », a assuré M. Makri.
Interrogé sur les manifestations qui ont lieu chaque vendredi et au cours desquelles les Algériens disent non aux élections, M. Makri répond qu’il existe aussi des « forces populaires silencieuses qui veulent que l’élection se tienne ». « C’est la réalité et chaque avis doit être respecté », ajoute-t-il.
Se définissant comme modéré et se réclamant des Frères musulmans, le MSP a fait partie pendant près de dix ans de la coalition soutenant le président Bouteflika, avant de rompre en 2012.
D’après l’agence officielle APS, plus de 80 formulaires de candidature pour l’élection présidentielle du 12 décembre ont été retirés à ce jour.
Parmi eux, deux anciens Premiers ministres ayant servi sous M. Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis, ont annoncé jeudi leur candidature.