La campagne présidentielle iranienne vient de connaître un tournant majeur. L’une des figures de ce scrutin et maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, a annoncé aujourd’hui son désistement et le report de son appui au candidat du clergé conservateur, Ebrahim Raïssi, qui devient de fait le principal adversaire d’Hassan Rohani le 19 mai prochain. Ancien commandant des Gardiens de la Révolution et chef de la police, Ghalibaf voit ainsi ses chances de victoire accrues par ce retrait et ce soutien, face au chef de l’Etat sortant à la recherche d’un second mandat, le modéré Hassan Rohani. Lors de l’élection précédente de 2013, Ghalibaf avait fini deuxième, remportant alors 16,5% des voix, loin derrière Rohani qui avait réussi à recueillir la majorité absolue dès le premier tour.
Front uni des conservateurs contre Rohani
Le désistement de Ghalibaf peut s’analyser comme une stratégie de renforcement pour l’aile conservatrice de la politique iranienne, qui désire écarter définitivement la possibilité d’une seconde mandature de Rohani, partisan d’une certaine ouverture tant interne qu’à l’international. C’est donc Ebrahim Raïssi, juriste et membre du clergé conservateur, qui devient le principal opposant à Rohani dans la course à la présidentielle. Ce disciple de l’ayatollah Khameneï devrait ainsi réussir cette fois-ci à rassembler davantage de suffrages du pan conservateur de la société iranienne. « Je devais prendre une décision importante pour préserver l’unité des forces révolutionnaires », s’est ainsi justifié ce matin Ghalibaf par communiqué officiel. « Je demande à tous mes alliés dans le pays à tout mettre en oeuvre pour favoriser la victoire de mon frère Ebrahim Raïssi », a-t-il ajouté. Il est certain que Ghalibaf et Raïssi partageaient la même tactique pour décrédibiliser la candidature de Rohani, s’étant attaqués tous deux au bilan économique du chef de l’Etat et à sa stratégie géopolitique de détente avec les pays occidentaux.