A Bayonne, dans le New Jersey, la communauté musulmane attend sa mosquée depuis bien longtemps. Et celle-ci a failli ne jamais voir le jour. Mais dix ans après avoir loué pour la première fois le sous-sol de l’école d’une église pour prier, les musulmans de la petite ville vont enfin avoir leur propre lieu de culte. La bataille a été dure et longue.
En effet, l’année dernière, la construction d’un centre communautaire et d’une mosquée avait été refusée suite aux actions d’un groupe très bien organisé d’opposants à la construction de cette mosquée. Mais la communauté musulmane de Bayonne a décidé d’engager des poursuites contre leur ville. Ils ont déboursé 400 000 dollars et la demande devrait, fin février, être définitivement approuvée.
Tout avait commencé en septembre 2015 : les musulmans de Bayonne avaient alors acheté une propriété dans l’est de la ville. Eux qui louaient depuis sept ans le sous-sol d’une école chrétienne allaient pouvoir construire leur mosquée et leur centre communautaire. Des demandes de permis de construire ont alors été faites. Mais en janvier 2016, des manifestants réclamèrent, devant l’hôtel de ville, l’abandon du projet.
Un nouveau vote aura lieu fin février
Très rapidement, un citoyen de la ville, Gene Woods, décide de soutenir les musulmans. « Si nous voulons promouvoir l’unité, nous ne pouvons pas agir comme les extrémistes qui nient les droits de leurs citoyens », déclare alors le chercheur, spécialiste de l’Holocauste. Quand, le 19 janvier, la mairie tient sa réunion pour donner un permis à l’association musulmane, plus de deux-cents personnes envahissent l’hôtel de ville. La séance est ajournée, et elle le sera plusieurs fois dans les mêmes conditions.
Après les nombreux reports, l’attentat dans une boîte de nuit à Orlando, en juin 2016, est avancé par les opposants au projet pour stopper ce dernier. « A la lumière de l’attentat terroriste d’Orlando récemment commis au nom de l’Islam, une mosquée à Bayonne serait dangereuse et imprudente », déclare ainsi le comité d’opposition au lieu de culte. Mi-octobre, des tags antimusulmans sont même découverts sur les murs de l’église qui héberge les fidèles.
De nouvelles réunions sont alors organisées, toujours reportées. En mars dernier, le conseil décide finalement de ne pas accorder les autorisations nécessaires à la construction de la mosquée. Lors de la réunion, des propos sont alors tenus contre le Coran et l’Islam.
Des poursuites sont alors engagées par la communauté musulmane contre la ville de Bayonne, qui aurait violé la loi fédérale. En mai 2017, le département de la Justice des Etats-Unis ouvre une enquête sur cette affaire. L’Etat a finalement, après le règlement d’une facture de 400 000 dollars par la communauté musulmane, exigé la révision de la décision du conseil. Fin février, un nouveau vote public aura lieu. Avec, au bout, la possible construction du lieu de culte tant attendu.