Tariq Ramadan s’est présenté à la convocation que lui a adressée la police judiciaire parisienne pour y être entendu sur les faits de viols dont il est accusé par deux plaignantes, motivées par l’élan impulsé par l’affaire Weinstein.
La presse rapporte qu’il a longuement été confronté à l’une de ses accusatrices et n’a pas souhaité signer le procès-verbal.
Est-ce la marque d’une mise en difficulté, comme le laissent entendre les fuites, ou bien la trace d’un désaccord sur le respect des règles de procédure ?
La prudence impose la réserve.
Les sources proches du dossier révèlent que trois juges ont été saisis de l’information judiciaire, ce qui peut s’expliquer par l’importance artificielle qui est conférée à ce dossier ou par l’annonce d’importantes investigations, le premier juge étant chargé de traiter les questions liées à la détention provisoire, le deuxième de superviser l’enquête menée en France et le troisième d’instruire des faits commis à l’étranger, des plaignantes suisses semblant se manifester.
« La présomption d’innocence n’est pas reléguée au rang d’accessoire »
Quoi qu’il en soit, la saisine du Juge des Libertés et de la Détention n’apparait, en l’état, que difficilement justifiable.
Il faut rappeler que l’outil de la détention provisoire doit constituer l’unique moyen d’empêcher une pression sur les victimes et garantir la représentation en justice de la personne mise en examen.
Sur ce point, M. Ramadan s’est, spontanément et en connaissance des risques encourus, présenté devant les services de police, matérialisant sa parfaite collaboration.
Enfin, trois mois ont séparé le dépôt desdites plaintes de son audition de police, personne n’ayant eu à dénoncer un comportement véhément de sa part.
Il me semble que le temps offert à sa défense jusqu’à sa prochaine comparution, dans quelques jours, lui permettra de réajuster l’équilibre médiatique et rappeler que la présomption d’innocence n’est pas reléguée au rang d’accessoire.