Nous sommes en mai 2016. Patrick Calvar, directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), explique lors d’une audition à l’Assemblée devant la Commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme qu’« il y a déjà eu dans le passé des opérations qui ont permis d’intercepter des gens (de l’ultra droite, ndlr) dont les projets étaient justement de s’en prendre à la communauté musulmane. » Autrement dit, plusieurs projets d’attentats contre la communauté musulmane auraient été déjoués ces dernières années par la DGSI.
Il voulait tuer des « rebeus, blacks, dealers, migrants, racailles, djihadistes »
Le dernier projet déjoué, c’est celui d’un groupe mené par un certain Logan Nisin. Et ce mardi, dix personnes d’ultra-droite ont été interpellées et placées en garde à vue pour « association de malfaiteurs terroriste. » Ces personnes projetaient, semble-t-il, des attentats contre des hommes politiques, dont Jean-Luc Mélenchon, mais aussi contre des mosquées.
Si l’affaire s’est ébruitée, c’est parce que le nombre de personnes prêtes à passer à l’acte est important. Mais Logan Nisin, lui, est dans le collimateur de la police depuis bien longtemps : il avait d’ailleurs été arrêté en juin. Les enquêteurs avaient trouvé, dans son ordinateur, un tract pour appeler ses congénères d’extrême droite à « tuer » des « rebeus, blacks, dealers, migrants, racailles, djihadistes. » Nisin avait d’ailleurs commencé à stocker, chez lui, des armes.
Et l’enquête, selon la presse, a « mis en lumière un projet d’action violente aux contours imprécis : évocation d’un lieu de culte, d’un homme politique, d’un migrant, d’un trafiquant de stupéfiants. » Nisin est un ancien militant de l’Action Française Provence, qui dément avoir eu vent des projets du jeune homme. Ce dernier comptait bien passé, selon un de ses proches qui l’a signalé aux autorités, à l’acte.
« La confrontation est inéluctable » (l’ex-directeur de la DGSI)
Logan Nisin est-il un cas isolé ? C’est ce que pense Anaïs Voy-Gillis, doctorante à l’Institut français de géopolitique et spécialiste de l’extrême droite, qui indique à franceinfo que, à l’ultra droite, « il n’y a rien de réellement organisé, c’est plutôt le fait de quelques individus. » Pour elle, « des groupuscules comme le Bloc identitaire ou les Jeunesses nationalistes préparent leurs militants à se défendre, mais pas dans une volonté de passer à l’acte, comme c’est le cas avec les personnes qui ont été arrêtées, qui sont des gens finalement très isolés. »
Des propos qui tranchent avec ceux de Patrick Calvar. L’ancien patron de la DGSI expliquait, l’an dernier, redouter la multiplication des projets d’attentats de la part de l’ultra droite : « Nous devrons, à un moment ou à un autre, dégager des ressources pour nous occuper d’autres groupes extrémistes parce que la confrontation est inéluctable », expliquait-il.