On lui reprochait notamment son texte « Don’t Laïk », dans lequel il chante : « Crucifions les laïcards comme à Golgotha. » En réalité, Médine y dénonçait ceux qui s’accaparent cette notion de laïcité pour « lui faire dire des choses qu’elle n’a jamais dites ou qu’elle n’a pas vocation à dire. » La laïcité, nous disait-il en interview, « est un bon message mais qu’elle a de mauvais messagers. » On lui reprochait également d’avoir appelé son album « Jihad », oubliant que ce mot n’avait à l’époque aucune connotation négative et que le sous-titre était : « Le plus grand combat est contre soi-même. » La presse d’extrême droite, d’Atlantico à Causeur, l’accusait même d’être un « islamiste. »
La « fachosphère », une partie des familles de victimes du Bataclan et le Printemps républicain — plus enclin à pardonner les propos d’Eric Zemmour — ont réussi à faire plier le chanteur et la salle de concerts parisienne. Programmé au Bataclan, Médine n’y chantera finalement pas, comme il l’a annoncé lui-même sur Twitter. « Nous avons pris la décision, douloureuse, d’annuler les deux dates de concert au Bataclan », indique le rappeur.
— Médine (@Medinrecords) 21 septembre 2018
« Tout ce que je voulais faire, c’était le Bataclan », a regretté Médine, qui explique qu’il y avait des risques de manifestations de « l’extrême droite » devant le Bataclan. Les associations de victimes du 13 novembre 2015 étaient, elles, divisées : 13onze15 Fraternité Vérité parlait de « faute » de la part du Bataclan, quand Life for Paris jugeait que la salle de concerts était « complètement libre de sa programmation. » Certaines victimes de l’attentat avaient saisi le procureur de la République de Paris.
Dans Atlantico, Naëm Bestandji, qui se définit comme un « militant laïque et féministe » écrivait tout le mal qu’il pensait de Médine mais avouait que, « philosophiquement (…), Médine a le droit de s’y produire, aussi choquant que cela puisse être. La liberté d’expression est à ce prix. Nous ne pouvons pas brandir cette liberté pour nous-mêmes et la refuser pour nos adversaires, sauf encore une fois si ces adversaires tiennent des propos hors-la-loi. » Bien qu’il n’ait jamais tenu de propos hors-la-loi, le rappeur ne pourra cependant pas se produire au Bataclan.