Suite aux échauffourées qui ont agité Sisco, en Corse, il y a deux semaines, une des familles a été menacée de mort et a dû quitter l’île.
Lors du week-end prolongé du 15 août, à Sisco, des manifestants avaient décidé de régler leurs comptes en se rendant dans la cité de Lupino. Les violences avaient été partiellement évitées par les policiers présents sur place. Deux semaines après ces événements, Le Point a rencontré l’un des Corses d’origine maghrébine ayant été pris à partie par les autres habitants de la commune. Jamel a dû s’exiler à Paris, suite à des menaces de mort. Arrière-petit-fils d’un ancien combattant marocain qui a participé à la libération de la Corse, le jeune homme a été obligé de quitter son île de Beauté. « Traumatisé » par les événements, l’homme a rapporté au Point sa version des faits.
Des voitures brûlées et des cailloux jetés
« On est allés sur la plage de Sisco qui se trouve à 45 minutes en voiture de chez moi pour être tranquilles et faire preuve de discrétion, explique-t-il. A aucun moment, nous n’avons privatisé la plage. C’est à tout le monde. Près de nous, d’autres gens se baignaient, il n’y avait aucun problème. » Si Jamel assure n’avoir « jamais eu de problème en Corse auparavant », il s’étonne que personne ne le protège aujourd’hui, « pas même l’Etat. » Pourtant, raconte-t-il, il a été « menacé de mort. » Il rappelle que « les gendarmes ont été impuissants devant la horde qui attaquait des femmes et des enfants » et revient sur son périple : hospitalisé à Bastia, on lui a demandé « de quitter (son) lit le soir même de (son) transfert par hélicoptère. » « Durant mon transfert, sur la civière, j’ai été frappé et on m’a craché dessus », affirme Jamel.
La situation tendue, Jamel l’a très mal vécue, lui qui explique que sa « famille a des liens avec la région depuis 1943 » et que son « arrière-grand-père a participé à la libération de la Corse. » Le jeune homme explique, toujours au Point, que sur la plage des habitants de Sisco « ont commencé à prendre des photos de (sa) femme portant un hijab. » Les villageois ont « mis le feu aux véhicules » et Jamel est « tombé dans les pommes. » « Je me souviens seulement de mon dernier geste, j’avais mis mon enfant entre mes jambes et j’étais recroquevillé sur lui pour éviter qu’un caillou ne le blesse », poursuit-il. Ironie de cette histoire, Jamel ne vit pas à Lupino, où s’étaient rendu les habitants du coin pour crier des slogans hostiles aux Corses d’origine maghrébine.