Si le génocide des Rohingyas est, ces dernières semaines, moins médiatisé, la situation, elle, continue à être critique. Un rapport de Human Rights Watch dénonce les « violences sexuelles systématiques contre les femmes et les filles rohingyas en Birmanie » entre août et décembre 2016. HRW indique que « les forces de sécurité birmanes ont commis des viols systématiques de femmes et de filles dans le cadre d’une campagne de nettoyage ethnique menée à l’encontre des musulmans rohingyas dans l’Etat de Rakhine en Birmanie. »
Véritable arme massive lors des conflits, le viol est reconnu comme « comme crime de guerre. » Et les conséquences sont désastreuses. « Le viol a constitué un élément prépondérant et dévastateur de la campagne de nettoyage ethnique menée par l’armée birmane contre les Rohingyas », indique Skye Wheeler, qui a rédigé le rapport de HRW. Selon elle, « les actes de violence barbare commis par l’armée birmane ont causé de graves blessures et traumatismes à d’innombrables femmes et filles. »
Des militaires ont « fracassé la tête de jeunes enfants contre des arbres »
Les témoignages sont effarants. L’ONG affirme que, « à une seule exception près, tous les viols qui ont été signalés à Human Rights Watch étaient des viols collectifs. » Des survivantes indiquent que les militaires les ont divisées en deux groupes, l’un de femmes, l’autre de jeune filles, avant de les violer. Les victimes racontent aussi comment l’armée a tué des membres de leurs familles, des militaires ayant « fracassé la tête de leurs jeunes enfants contre des arbres, jeté leurs enfants et leurs parents âgés dans des maisons en feu et tué leurs maris par balles. »
A ce niveau de violences — physiques et psychologiques —, le silence de la communauté internationale est inquiétant, juge HRW. « L’un des aspects tragiques de cette horrible crise est que des femmes et des filles rohingyas souffrent de profonds traumatismes physiques et psychologiques, sans recevoir les soins médicaux dont elles ont besoin », assure Skye Wheeler. D’autant que la réponse du ministre de la Sécurité des frontières de l’État de Rakhine a choqué : « Où sont les preuves ? », a-t-il demandé avant d’asséner : « Regardez-les ces femmes qui portent ces accusations… Est-ce que quiconque aurait envie de les violer ? »
L’ONG demande que le Conseil de sécurité de l’ONU impose « un embargo total sur les armes à destination de la Birmanie et des sanctions individuelles à l’encontre des responsables militaires impliqués dans de graves violations des droits humains, y compris dans des violences sexuelles. » HRW voudrait également que la Cour pénale internationale se saisisse de ces crimes.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a mis en garde, dans un communiqué, contre la traite, l’exploitation du travail et les abus sexuels des réfugiés rohingyas. L’OIM estime que « les femmes et les filles sont souvent maltraitées physiquement ou sexuellement. »