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Au Royaume-Uni, un rapport sur l’intégration des musulmans crée la polémique

« Incendiaire », « clivant », « discriminatoire »,… Les qualificatifs les moins glorieux pleuvent depuis le début de la semaine au Royaume-Uni, pour commenter un rapport commandité par l’ex-Premier britannique, David Cameron, à Louise Casey. Spécialiste de l’aide humanitaire et sociale, Louise Casey est réputée outre-Manche pour sa longue expérience dans le domaine, ce qui lui vaut d’être régulièrement sollicitée pour des expertises gouvernementales. Le « rapport Casey » tel qu’il est aujourd’hui appelé souligne que l’augmentation des discriminations dans le pays. Et avance comme possible solution d’inviter les immigrés à « prêter serment d’intégration » afin, dit-elle, de préserver les valeurs britanniques, qui devraient d’ailleurs – une autre de ses recommandations – être enseignées dans les écoles.

Rendu public lundi, le rapport indique notamment que certains musulmans et autres membres de minorités religieuses manifestent des « vues moins progressistes », par exemple en matière « d’égalité des genres, de sexualité ou de liberté d’expression ». Le rapport se réfère à une enquête d’opinion réalisée en 2015, montrant que 55% des sondés estiment qu’il y a une « incompatibilité fondamentale » entre l’Islam et les valeurs de la société britannique. Et dans le même temps, 46% des Britanniques musulmans exprimaient la « difficulté à être musulman au Royaume-Uni » du fait des préjugés sur l’Islam. Le rapport Casey stipule également que le nombre réel des crimes de haine et racistes – islamophobes ou antisémites – est en fait quatre fois plus élevé que les cas enregistrés. Des agressions qui observent une montée en flèche juste après des « évènements déclencheurs » tels que les soubresauts du conflit israélo-palestinien ou même le résultat du référendum britannique appelant à la sortie de l’Union européenne.

Une responsabilité à double sens

La levée de boucliers de la part des représentants des communautés et des minorités pointées du doigt par le rapport ne s’est pas fait attendre. Mohammed Shafiq, président de la Ramadhan Foundation, qualifie l’étude d’ « incendiaire » et de « clivant », l’accusant de stigmatiser une communauté en particulier – les musulmans. « Aujourd’hui au Royaume-Uni, malheureusement, les musulmans sont considérés comme une cible facile pour les politiques, les analystes et certains médias, sans aucune considération pour l’impact de leurs attaques sur la communauté en termes de menaces et de violence », s’indigne-t-il. « Et nulle part il n’est fait mention de la responsabilité des « Blancs » dans l’intégration, dont les familles fuient les quartiers dans lesquels s’installent des minorités », tient-il à préciser. Même récriminations de la part du Secrétaire général du Conseil musulman de Grande-Bretagne, Harun Khan, qui qualifie le rapport de « partial », soulignant lui aussi les manquements des autres Britanniques dans l’accueil et l’aide à l’intégration. « Comme l’ancien Premier ministre David Cameron l’a dit, l’intégration est une « voie à double sens » », a rappelé Harun Khan. « Le rapport aurait dû creuser plus profondément les obstacles économiques et structurels à l’intégration. »

Même Louise Casey l’admet : il y a un « cercle vicieux » dans lequel sont pris les musulmans : les accusations récurrentes de terrorisme et d’extrémisme renforcent les soupçons, la méfiance et les marques d’hostilité à leur endroit. « Chaque fois qu’il y a une attaque terroriste, les gens désignent automatiquement un musulman comme responsable. Ils ont tort. Les musulmans ne sont pas plus responsables pour les attaques terroristes que je ne le suis pour celles de l’IRA [Armée républicaine irlandaise, ndlr] », a-t-elle confié lors d’un entretien à la BBC. Avant de se reprendre : « Les gens devraient être capables de discuter les conclusions de ce rapport sans craindre d’être taxés de racisme ou d’islamophobie ».

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