Fin 2016, on comptait plus de sept-cents Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, sans accusation ni procès. Une telle pratique est permise grâce à l’état d’urgence, renouvelé chaque année depuis 1948. La détention administrative permet, en Israël, d’arrêter n’importe qui, sans n’avoir à avancer aucune raison. Pour expliquer la mise en place de cette pratique, Israël s’appuie sur le droit international — et plus particulièrement la quatrième Convention de Genève qui autorise l’Etat hébreu à recourir à la détention administrative, à la seule condition qu’il s’agisse d’une mesure « absolument nécessaire » qui serait justifiée par d’« impérieuses raisons de sécurité. » Sauf qu’Israël utilise cette possibilité de façon systématique. La preuve avec l’arrestation récente et totalement arbitraire de Salah Hamouri il y a quelques jours. Hier, des militants se sont donné rendez-vous à Paris pour demander sa libération. Les participants à ce rassemblement dénonçaient notamment les méthodes israéliennes. Comme le Parti communiste français, qui estime que le recours à la détention administration d’Israël « bafoue le droit international et les conventions de Genève. »
La détention administrative, un « déni du droit »
Pour ACAT France, la détention administrative en vigueur en Israël « constitue en elle-même un traitement cruel, inhumain et dégradant, en raison de l’angoisse profonde qu’elle suscite chez le détenu qui ne connait souvent pas les raisons précises de son arrestation ni la durée de sa détention. » Pour l’ONG de lutte contre la torture et la peine de mort, la détention administrative laisse souvent place à d’autres pratiques plus graves. « Les détenus administratifs sont souvent victimes de mauvais traitements, pouvant aller jusqu’à la torture, lors de l’arrestation, pendant l’interrogatoire ou encore au cours de leur détention », écrit ACAT dans un document qui définit cette détention administrative comme un « déni du droit. » Outre le cas de Salah Hamouri, ils seraient encore quelques centaines de prisonniers à attendre un chef d’accusation. Hamouri, lui, risque de passer six mois derrière les barreaux pour des liens supposés avec des « organisations politiques illégales », parmi lesquelles le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ce que nie le Franco-Palestinien.
Que fait le gouvernement français ?
Si le Quai d’Orsay indique qu’il suit « avec beaucoup d’attention la situation », la France ne semble pas capable de pouvoir mettre fin à cette pratique loin d’être démocratique. Au-delà d’être emprisonné de façon arbitraire, Salah Hamouri doit en plus vivre dans l’isolement. Le ministère des Affaires étrangères se dit préoccupé « face au recours extensif à la détention administrative » et « appelle les autorités israéliennes à permettre à son épouse française et à leur enfant de lui rendre visite. » Quoi qu’il en soit, cette détention administrative permet, sans avoir besoin de recourir à un procès équitable, de faire payer au Franco-Palestinien son combat contre la colonisation, mais également ses sorties pour défendre les droits des prisonniers palestiniens. Un harcèlement sans fin qui touche de nombreux Palestiniens. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, demande que les autorités françaises prennent une position claire sur l’affaire Salah Hamouri. « Le président et le gouvernement français ne peuvent rester silencieux alors que Salah Hamouri est innocent », écrit le communiste. Ce matin, la cour de Jérusalem a suspendu la détention administrative de Salah Hamouri, mais ce dernier est condamné à purger la fin de sa peine précédente, soit trois mois. En attendant un probable appel de cette décision de la part du procureur.