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CFCM : la tête d’Ahmet Ogras mise à prix par les Algériens et Marocains

L’histoire commence de façon banale : l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a invité le nouveau président du Conseil français du culte musulman (CFMC), Ahmet Ogras, à s’entretenir. Officiellement, Sarkozy souhaiterait simplement parler de l’organisation de l’Islam avec le nouveau patron du CFCM. Officieusement, comme il l’a confirmé à Christophe Castaner récemment, l’ex-chef d’Etat s’ennuie et veut « gagner beaucoup d’argent. » Pour ce faire, Sarkozy veut monter son « propre fonds. » Et la Turquie semble intéresser l’ancien dirigeant qui n’y a cependant que peu d’entrées. Alors, qui de mieux placé que le président du CFCM, réputé proche du parti du président Erdogan, pour faire une entrée fracassante sur le territoire turc ? Sauf que la demande de Sarkozy a fuité au sein du CFCM et « un membre de la fédération de la Grande mosquée de Paris » a rapidement prévenu TSA de ce qui se tramait, obligeant le président Ogras a reporter cette entrevue. Une fuite qui fait les affaires des Algériens, qui se verraient bien, avec les Marocains, éjecter le patron du CFCM, en accord avec le gouvernement français, peu à l’aise avec la présence d’un pro-Erdogan à la tête de l’instance musulmane. Pour éviter toute accusation d’ingérence, la mosquée de Paris a envoyé Abdellah Zekri, secrétaire Général du CFCM et président de l’Observatoire de l’islamophobie, au front. Ce dernier a rédigé une lettre qu’il a adressée à la direction collégiale du CFCM dans laquelle il marque son opposition à ce rendez-vous informel. 

Les trois ambassades jouent l’union sacrée

Cette simple entrevue est devenue une véritable épine dans le pied d’Ahmet Ogras, qui n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Car, s’il a tout à fait le droit de rencontrer l’ancien président et, auparavant, ministre de l’Intérieur, qui avait supervisé la création du CFCM à l’époque, le patron du Conseil français du culte musulman a donné du grain à moudre à ceux qui souhaiteraient le voir partir, et vite. Pourtant, au moment de sa nomination, l’entente semblait tout à fait cordiale entre Algériens, Marocains et Turcs, les trois principaux courants du CFCM, qui se partagent la présidence tournante. Une rencontre entre les trois ambassades avait même eu lieu et Algériens et Marocains avaient assuré les Turcs de leur plein soutien. Mais en coulisses, pour Alger et Rabat, le soutien à Ahmet Ogras devait simplement permettre la transition entre François Hollande et Emmanuel Macron au pouvoir. Aujourd’hui, les deux pays du Maghreb guettent de loin les erreurs du président du CFCM pour, dès que l’occasion de présentera, avoir sa tête. Cela aurait pu arriver en juillet dernier, mais il était encore un peu tôt. A l’époque, Macron est présent à la célébration pour rendre hommage au père Hamel. En déplacement en Turquie, Ahmet Ogras n’est pas au courant qu’il est invité et a, de toute façon, demandé à Anouar Kbibech, son prédécesseur, de le représenter en cas de cérémonie officielle. Les différentes fédérations musulmanes de France y voient une première erreur. Ahmet Ogras, lui, nous assure qu’il n’a reçu aucune invitation de la présidence.

Algériens et Marocains veulent reprendre la présidence du CFCM

L’épisode Sarkozy est considéré par les ennemis d’Ogras comme une seconde faute, que la Grande mosquée de Paris compte bien exploiter. Le membre de cette fédération cité par TSA indique d’ailleurs que le rendez-vous Sarkozy-Ogras lui « rappelle des méthodes passées où deux ou trois personnes décidaient à notre place. » En interne, les grands manœuvres ont démarré : Marocains et Algériens ont mis un terme à leur soutien à la Turquie et comptent bien dégommer dès que possible le président du CFCM. Mais plusieurs questions se posent d’ores et déjà, notamment celle de son possible remplaçant. Un proche du Conseil français du culte musulman estime qu’une éviction d’Ogras « mettrait un terme à la présidence tournante. » Un Algérien très connu se serait déjà positionné pour reprendre l’institution musulmane : Dalil Boubakeur, qui avait déjà assuré cette fonction en 2003, puis en 2005. Mais le Maroc espère lui aussi placer un de ses pions à la tête du CFCM. Si les deux pays maghrébins réussissent leur coup dans les prochains mois, nul doute qu’ils entameront une véritable bataille d’influence pour obtenir les rênes de l’« Islam de France. » L’Islam des consulats semble loin d’être fini.

Mise à jour : mercredi 6 septembre 2017 à 22h45. Ahmet Ogras assure n’avoir jamais reçu d’invitation officielle de la part de la présidence de la République pour participer à l’hommage au père Hamel.

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