Hashtag #LiberezSalah sur Twitter, page « Liberté pour Salah Hamouri » sur Facebook… Sur les réseaux sociaux, la mobilisation s’amplifie après le nouveau verdict. La justice israélienne a décidé que Salah Hamouri devrait purger la peine de trois mois de prison qu’il lui restait à effectuer lorsqu’il a été libéré le 18 décembre 2011. Depuis, la page de soutien au citoyen franco-palestinien annonce des manifestations à Avignon, Lyon, Nîmes, Toulouse, dans les jours à venir. Deux manifestations ont déjà eu lieu à Paris, dont une lundi soir dernier, rassemblant militants et associations qui exigent sa libération.
Rassemblement de soutien à #SalahHamouri à Invalides pic.twitter.com/FUo9QIDAXs
— Madjid Messaoudene (@MadjidFalastine) 31 août 2017
« Pour une fois j’aimerais que la France condamne Israël dans ses agissements »
« Nous avons été reçu par le ministère des Affaires étrangères. Mais il ne nous a donné aucune garantie quant à l’intervention de la France. Malheureusement nous sommes habitués à cette réaction quand il s’agit de s’opposer au gouvernement israélien. Nous avons écrit plusieurs courriers à Emmanuel Macron sans réponses, la mobilisation ne fait que commencer », témoigne Taoufik Tahani, président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS). « Pour une fois, j’aimerais que la France condamne Israël dans ses agissements », renchérit Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis, lui aussi présent à la manifestation.
Elsa Lefort, l’épouse de Salah Hamouri explique que le ministère des Affaires étrangères a fait une demande afin qu’elle puisse rendre visite à son époux en prison. Mais elle attend beaucoup plus de l’Etat français, notamment une déclaration ferme de la part du président de la République. « Je ne comprend pas pourquoi Emmanuel Macron est intervenu récemment auprès de Recep Tayyip Ergodan pour la libération du journaliste Loup Bureau détenu en Turquie et pas pour Salah. Les mesures prises à l’encontre de mon mari sont clairement des décisions politiques. J’attends donc une réaction politique de la part des plus hautes autorités en France », s’indigne l’épouse de Salah Hamouri.
La France davantage impliquée pour Florence Cassez, Serge Atlaoui et Gilad Shalit
Parmi les soutiens de Salah Hamouri, nombreux font le parallèle avec d’autres cas de détentions de Français dans le monde. Les présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont en effet souvent impliqués personnellement dans la libération d’otages ou de détenus durant leur mandat. Emeline Fagot, adhérente au mouvement de l’Union Juive pour la Paix, ne peut s’empêcher de faire le lien avec Gilad Shalit, le Franco-Israélien détenu par le Hamas en 2006. « A l’époque Nicolas Sarkozy avait reçu sa famille. La France se sentait beaucoup plus concernée. Il a été libéré contre environ mille palestiniens, dont Salah Hamouri justement », rappelle la militante. Le conseil de Paris avait même décidé de faire du jeune militaire un citoyen d’honneur de la ville.
En avril 2008, quand Florence Cassez est condamnée à 96 ans de prison pour des faits liés au grand banditisme, ses parents sont reçus à l’Elysée et le président Nicolas Sarkozy s’engage alors à suivre le dossier. Puis il demandera un transfert dans une prison française et se rendra ensuite personnellement au Mexique. L’ancien président n’avait pas hésité à provoquer une crise diplomatique entre lui et son homologue Felipe Calderon. Même scénario en 2015 quand François Hollande défend Serge Atlaoui auprès des autorités indonésiennes, alors qu’il est condamné à mort pour trafic de drogue. « S’il est exécuté, il y aura des conséquences avec la France et l’Europe parce qu’on ne peut pas accepter ce type d’exécutions » avait-il alors déclaré.
Dans le cas de Salah Hamouri, aucune menace n’a pour l’instant été proférée à l’encontre du gouvernement israélien, alors même que sa détention administrative est arbitraire. Sa femme compte désormais sur les soutiens politiques dont le parti Communiste, la France insoumise, le PS et l’UDI ainsi que des élus locaux et des avocats pour faire plier les autorités françaises. « Nous faisons pour l’instant beaucoup d’actions de communication mais nous comptons bien nous faire entendre lors de la manifestation contre la loi travail et la fête de l’Humanité. S’il faut que les autorités reçoivent 20 000 messages pour daigner intervenir, alors nous devons continuer ! »