Sanubar Tursun est une artiste de renommée internationale. La chanteuse a déjà donné des concerts en Turquie, en Suisse, en Belgique, en Italie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
En France, elle avait fait salle comble lors de son passage en 2014 au Théâtre de la Ville à Paris.
Le 15 décembre, cette grande voix de la culture ouïghoure, devait à nouveau se produire en France, mais elle ne s’y est pas rendue. Depuis fin novembre, elle n’a donné aucune nouvelle à ses collaborateurs internationaux.
Déjà, sa venue aux opéras de Nantes, Angers et Rennes en 2019 avait été annulée quelques mois plus tôt, car Sanubar Tursun avait des difficultés à sortir de Chine. Mais elle s’était tout de même engagée pour son concert du 15 décembre.
Originaire de la région ouïghoure en Chine, elle pourrait avoir été condamnée ou emprisonnée, comme bon nombre de ses compatriotes envoyés dans des camps d’internement. Pourtant, l’artiste n’est pas une militante.
« Sanubar Tursun n’est pas une opposante politique à proprement parler. C’est une artiste qui défend la culture ouïghoure mais qui jusqu’ici n’était pas ostracisée », explique à France 3, Fanny Valembois, la coordinatrice culturelle des instituts Confucius en France, qui l’avait invitée.
Sanubar Tursun n’est pas la seule artiste a être dans le collimateur des autorités chinoises. Ces derniers mois, des ONG dénombrent plusieurs journalistes, écrivains, universitaires ou savants qui ont été condamnés, accusés de défendre la cause ouïghoure derrière leur fonction officielle.
Uyghur Human Rights project, une ONG basée aux Etats-Unis, évoque la disparition de 242 figures ouïghoures.
Pour alerter sur le sort de Sanubar Tursun, une quarantaine de personnes dont des journalistes, universitaires et musiciens viennent de publier une tribune dans le Nouvel Obs.
« Différentes sources proches de la musicienne ont rapporté qu’elle aurait été arrêtée, jugée et condamnée à cinq années de prison », avancent-ils.
« Le cas de Sanubar Tursun nous rappelle à quel point la voix des artistes est puissante, mais aussi exposée, fragile et vulnérable. Il n’est malheureusement qu’un exemple de plus de la tragédie qui se joue actuellement dans la région ouïghoure », déplorent les signataires de la tribune.