Elle seraient chaque année au moins un millier à fuir leur pays. Les Saoudiennes rêvent pour certaines d’entre elles d’ailleurs, où elles pourront trouver un peu de liberté. Pour les plus réticentes à quitter l’Arabie Saoudite, c’est Djeddah, une ville plus libérale du royaume, qu’elles tentent de rallier. Le phénomène n’est pas nouveau mais, nous prévient The Economist, il est en pleine progression ces derniers temps. Les Saoudiennes veulent s’émanciper. Une émancipation qui passe donc par un départ loin du royaume où elles n’ont même pas le droit de conduire, et où la tutelle légale fait rage. Cette tutelle des hommes sur les femmes en Arabie saoudite est indispensable pour pouvoir se rendre à l’étranger, travailler, bénéficier de soins, se marier ou même être libérée de prison.
« Vous n’avez aucun contrôle sur votre corps »
« Nous devons toutes vivre dans les cases que nos pères ou maris ont confectionnées pour nous », déplore une Saoudienne dans un rapport publié par l’ONG Human Rights Watch (HRW) l’été dernier. L’organisation rappelle même que certaines femmes peuvent avoir pour tuteur… leur propre fils. La tutelle est, indique le rapport, « un système juridique qui sape leur droits fondamentaux, corroboré avec une culture masculine castratrice. En effet, profitant de système de tutelle, les hommes saoudiens procèdent à des chantages en extorquant des sommes d’argent exorbitantes à des femmes dépendantes de leur tutelle. » « Vous n’avez aucun contrôle sur votre propre corps… Chaque étape de votre vie devient source de nervosité. Tous les efforts et le temps que vous avez investis pourraient disparaître en une seconde si votre tuteur le décide », explique une jeune femme à HRW.
Une tutelle légale sans lien avec l’Islam
Alors, pour éviter la tutelle qui fait que les Saoudiennes vivent comme des mineures toute leur vie, des femmes ont trouvé la parade : certaines, affirme The Economist, profitent d’un séjour à l’étranger pour s’enfuir, d’autres prolongent sans cesse leurs études — payées par le gouvernement — dans des pays occidentaux. Enfin, certaines passent par des services en ligne de rencontres nuptiales dont le deal est simple : un mariage, puis la fuite. C’est le cas d’Iman, qui a trouvé un futur mari pour 4 000 dollars et qui s’échappera — avec l’accord du mari — lors de leur lune de miel en Australie. Ces « filles fugueuses », comme les appellent les autorités saoudiennes, sont donc de plus en plus nombreuses. Cette tutelle légale viendrait des coutumes bédouines, précisent des savants saoudiens dissidents, qui insistent sur le fait que ces lois ne proviennent pas de l’Islam.