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La Taqiya, l’autre nom de la laïcité « à la française »

Expliquer ses choix politiques par sa foi, la polémique se poursuit sur la phrase de François Fillon. Interrogé sur TF1 sur ses intentions relatives à la Sécurité sociale, le candidat à la présidentielle avait répondu: « Je suis gaulliste. Et de surcroît je suis chrétien. Cela veut dire que je ne prendrai jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, au respect de la personne, de la solidarité. » Une « profession de foi » qui en a fait réagir plus d’un, y compris dans son propre camp. Je ne vais pas m’attarder sur les déclarations des uns et des autres invoquant pour la plupart la séparation des Eglises et de l’Etat. Un « son de cloche » repris par les élites laïcistes pour qui s’affirmer comme chrétien reste un crime de lèse-laïcité. Cette overdose de « mauvaise foi » traduirait l’hypothèse que la foi chrétienne conduirait inévitablement aux mêmes positionnements et donc à une supposée politique chrétienne. Sans aller rechercher la nuance entre le « je suis chrétien » dans la bouche d’un Bayrou ou d’un Fillon, les convictions et l’appartenance spirituelle des femmes et des hommes politiques influeraient-elles sur leurs actions ?

La laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire

Répondre par la négative reviendrait à négliger, voire à ignorer, la bivalence entre identité et citoyenneté. Nul n’est partisan d’une ingérence du religieux sur la politique. Les responsables des cultes n’ont pas à dicter des solutions aux responsables politiques, ils se doivent de respecter l’autonomie de l’Etat et des collectivités, néanmoins ils peuvent aider et nourrir la réflexion démocratique. Penser le contraire, c’est exclure du débat démocratique et donc de la République certains citoyens sous prétexte qu’ils sont diacres, pasteurs, imams, rabbins ou simples croyants. La laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire, alors au nom de quoi un élu ou le président de la République n’aurait-il pas le droit d’être libre de se déclarer croyant ou non-croyant ? Rien dans notre pacte républicain n’interdit demain d’avoir à la tête de l’Etat une présidente voilée. Certaines élites n’hésitent plus à dévoyer la laïcité et la neutralité de l’Etat en imposant « un devoir à dissimuler sa foi » qui rappelle sans commune mesure la définition zemmourienne de la Taqiya. Sans foi, ni loi, la fachosphère aurait pu reprendre à coup de RT ou de like le « Je suis gaulliste et chrétien » par un « FF : un taquiyiste repenti. » 

Pourtant cette liberté pour tous de s’exprimer ou non sur ses convictions est rappelée dans l’article 9 de la Convention européenne des Droits de l’Homme « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. » Faut il également rappeler que la loi du 9 décembre 1905 est une loi d’apaisement ? Aristide Briand prônait une loi en faveur d’une laïcité sans excès. Cet excès qui a vu cet été, Sarkozy comme Valls, Mélenchon comme Madame Le Pen,  surfer sur la vague burkini, hurlant à la disparition de « l’identité française » menacée par… un maillot de bain. Non ! Ma France n’a pas à craindre un tissu fait de coton ou de matières synthétiques. Ma France se construit avec tous ses citoyens et sa République est indivisible, laïque, démocratique et sociale.

Parti Français et Musulmans : pas un repli identitaire

C’est dans cet esprit que je suis engagé depuis 2014 comme élu local à servir, en toute modestie, la communauté des Hommes. C’est dans cet esprit que je me suis présenté en 2015 aux élections régionales en me déclarant « sereinement musulman et farouchement républicain. » C’est dans cet esprit qu’avec plusieurs élus de la République, nous avons fondé en 2016 le parti Français et Musulmans. C’est enfin, dans cet esprit que nous avons l’ambition de réconcilier politique et éthique, citoyenneté assumée et identité heureuse.

Qui peut penser qu’un groupe souhaitant participer pleinement à la vie démocratique, citoyenne et politique de ce pays en s’adressant à TOUS les citoyens sans distinction de couleur, de croyance, ni d’origine peut être qualifié de « communautariste » ? Hélas j’entends déjà le son des cloches retentir de tous ces mots en « iste » par ceux même qui au quotidien se disputent une course effrénée à celui qui « islamisera » le prochain débat. Cette démarche politique n’est pas un repli identitaire mais bel et bien une affirmation de notre citoyenneté à part entière. A toutes ces personnes nous conseillant plus « de discrétion », nous obligeant à choisir ou hiérarchiser entre notre identité et notre citoyenneté, ils croiseront sur le terrain nos candidats et nous leur donnons rendez-vous le 18 juin 2017 au soir du second tour des législatives pour notre appel à la résistance.

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