« J’ai changé. » Mais par sur l’Islam, semble-t-il. Invité hier soir de l’Emission politique sur France 2 en tant que candidat à la primaire de la Gauche, Manuel Valls a répété à qui veut l’entendre que le président de la République qu’il veut devenir ne sera pas l’ex-Premier ministre qu’il a été. En matière économique notamment, sa reconversion au socialisme prend des allures de volte-face si surprenante qu’elle en devient suspecte : on lui a « imposé » l’usage du 49.3, il n’envisage plus de « déverrouiller » les 35 heures ou de mettre un frein à « la logique de la dépense publique ».
Mais s’il est un point sur lequel il martèle qu’il « n'[a] pas changé », c’est sur la question de l’Islam et des modalités de sa pratique en France. « La France est un pays aux racines chrétiennes, c’est un pays où l’Islam est le deuxième culte, donc l’Islam fait partie de notre identité intime », a-t-il d’abord tenu à assurer, interpellé par une jeune femme voilée. Diplômée de l’Ecole normale supérieure, cette chef d’entreprise qui se revendique à la fois « musulmane » et « féministe », s’est dit « blessée » et « humiliée » par les propos de l’ancien Premier ministre sur le voile, qu’il avait qualifié en avril 2016 d’ »asservissement de la femme ».
« Voile traditionnel » vs « voile politique »
Ce à quoi le candidat à la primaire de la gauche rétorque : « Il y a aujourd’hui un voile porté comme un étendard politique. » Pour autant, Manuel Valls, apparemment très au fait des nuances qu’il a décelées dans le port du voile musulman, tient à faire un distingo : « Je ne confonds pas le voile des mamans, des grands-mamans, qui est un voile traditionnel, mais je m’inquiète d’une mode, qui est celle d’un voile revendiqué. »
Et d’avertir sur le « message vis-à-vis de ces jeunes femmes, de ces jeunes filles qui n’ont pas réussi comme vous, qui sont aujourd’hui dans ces quartiers populaires, où il y a ce machisme, cette influence du salafisme, des Frères musulmans, cette réalité que l’on connaît. » Manuel Valls, « profondément féministe », le répète à l’envi : « Je suis pour le dialogue, parce que nous avons une chance inouïe de pouvoir dialoguer dans ce pays, mais attention aux messages, y compris au vôtre, à celui que vous faites passer aux jeunes femmes et aux jeunes filles dans ce pays ». Et de conclure : « Là-dessus, je n’ai pas changé ». Bel hommage du natif de Barcelone à un certain crooner madrilène…