Ce 14 janvier, la Tunisie célèbre les sept ans de sa révolution. Un anniversaire qui a été marqué par des mouvements de contestation suite au vote d’une Loi de Finance 2018 extrêmement défavorable aux foyers les plus pauvres du pays. C’est tout un ras-le-bol qui s’est exprimé ces dernier jours au travers du mouvement « Fech Nestannew ? » — comprenez « Qu’est-ce qu’on attend ? ». Depuis sept ans, la Tunisie tourne au ralenti, sans vision politique claire.
Le président de 91 ans veut se représenter… en 2019
Hier, le président de la République a été obligé de sortir du bois. Après avoir clairement — c’est là une habitude du pouvoir tunisien — accusé la presse étrangère d’avoir été dans « l’exagération », Béji Caïd Essebsi a été obligé de promettre une mesure symbolique en débloquant 170 millions de dinars — environ 57 millions d’euros. L’objectif est d’aider, a expliqué le gouvernement, 250 000 familles. Etant donné que la Loi de Finance 2018 devrait coûter, en augmentation de TVA, 300 dinars de plus par mois et par foyer, autant dire que cette aide devrait calmer la Tunisie deux ou trois mois tout au plus.
Comme à son habitude, le pouvoir tunisien a paré au plus pressé sans véritable vision stratégique. Politiquement, les contestations pourraient bien avoir raison du Premier ministre Youssef Chahed. Une aubaine pour le président Caïd Essebsi qui, aujourd’hui âgé de 91 ans, espère rempiler pour un second mandat en 2019 et voyait en Chahed un concurrent sérieux, ce dernier s’étant lancé dans une campagne d’arrestation de personnalités corrompues et bénéficiant ainsi d’une bonne cote de popularité.
Des « retards dans la mise en œuvre de réformes essentielles »
Cette fragilité risque également de faire reporter une nouvelle fois les élections municipales. Depuis 2011, jamais la Tunisie n’a réussi à organiser ses élections locales, dont personne ne semble vouloir au sein de la coalition gouvernementale. Ni au sein de la population d’ailleurs, qui n’a plus aucun espoir en sa classe politique.
Il faut dire que l’inaction politique a atteint son paroxysme. En octobre dernier, la Banque Mondiale déplorait « la faible croissance économique et la forte augmentation des dépenses publiques » en Tunisie, et s’inquiétait des « retards dans la mise en œuvre de réformes essentielles. » Pour l’institution financière, la Tunisie est au point mort, tant « il s’est avéré difficile pour (le gouvernement d’union nationale) de mener ses premières actions. »
Le 14 janvier 2011, Ben Ali décollait vers l’Arabie Saoudite pour ne plus jamais revenir en Tunisie. Sept ans plus tard, il peut contempler son pays dans lequel rien n’a évolué : ses anciens alliés sont revenus dans l’arène politique et le peuple semble toujours passer en second plan.