Le 9 décembre dernier, en visite dans un lycée du Val-de-Marne (94), Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, a installé la première « unité laïcité » du rectorat de Créteil.
Ces unités seront composées d’équipes pluridisciplinaires (juristes, psychologues, pédagogues…) chargés de faire de la « prévention », mais aussi d’intervenir dans un établissement en cas d’atteinte aux principes de la laïcité. Elles seront mises en place dès 2018 dans toutes les académies.
«Les professeurs ne doivent plus jamais se sentir seuls en cas d’atteintes à la laïcité dans leur classe. Très souvent, nous avons un professeur qui peut se sentir démuni, même en désarroi devant des réactions d’élèves, par exemple dans un cours de sciences » a expliqué le ministre.
Un exemple qui n’a pas été choisi par hasard, puisqu’il fait directement référence à la théorie de l’évolution, à laquelle s’attaqueraient régulièrement les élèves musulmans. Et dans les nouvelles directives prises par le ministre de l’Education nationale, il est clair qu’ils sont les premiers visés.
Une « pression de l’Islam » dans les établissements scolaires
Dimanche, sur RTL, Jean-Michel Blanquer a estimé qu’il y avait « un certain nombre » de problèmes autour de la laïcité dans les établissements scolaires, évoquant une « pression de l’Islam » en leur sein. Et s’il n’existe « pas de statistiques aujourd’hui » sur le phénomène, il a affirmé qu’il y en aurait « dans le futur. » Le ministre a aussi pris comme autre exemple celui du voile, refusant son port pour les accompagnatrices de sorties scolaires.
Depuis plusieurs années, les jeunes musulmans sont accusés de commettre des atteintes à la laïcité dans les écoles et sont vus comme des éléments dangereux qui tentent d’imposer leur religion à leurs camarades. En septembre dernier, le livre de l’ancien principal de collège, Bernard Ravet, avait fait grand bruit. Il y dénonçait « l’islamisation des élèves », largement nuancée ensuite par un professeur de français des quartiers nord de Marseille, qui invite au dialogue avec les élèves,. Pour lui, ces derniers sont souvent dans une simple attitude de défi face aux adultes, plus que dans des vraies revendications religieuses.
Et si des questions surgissent pendant les cours, faut-il les considérer directement comme des atteintes à la laïcité ? N’est-il pas légitime pour un élève, de quelle confession qu’il soit, de s’interroger sur l’origine de l’homme ? L’élève doit-il tout apprendre sans comprendre et sans développer d’esprit critique ?
Les professeurs se doivent, au nom de la loi de 1905, de demeurer neutres sur toutes ces questions. Partant de ce principe, comment l’élève pourrait-il être coupable d’atteinte à la laïcité ?, s’interrogent également des journalistes de Libération. Un tel soupçon d’extrémisme religieux sur des adolescents en pleine formation intellectuelle pose donc sérieusement question.