« Stop Arming Israel ». Pour ces trois mots écrits sur une banderole, déployée début mars sur le fronton du local du syndicat étudiant de l’Université de Manchester, deux étudiants ont été menacés de sanctions disciplinaires par la direction de l’Université. Ces deux activistes entendaient mettre en évidence les relations nouées par leur université avec des sociétés elles-mêmes impliquées dans l’équipement de l’armée israélienne. La réaction de l’administration a suscité l’indignation de plusieurs dizaines d’enseignants : 44 d’entre eux ont publié une lettre ouverte ce lundi, dans laquelle ils s’indignent de la prise de position adoptée par l’établissement, qui « devrait applaudir » l’activisme des étudiants au lieu de le brider. Ces professeurs se sont également joints à la cause des deux étudiants convoqués, en critiquant les liens de l’université de Manchester avec Caterpillar, qui fabrique des bulldozers utilisés par Tsahal pour détruire des habitations palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. « Les étudiants ont attiré l’attention sur l’infraction de l’Université de Manchester à sa propre Charte sur l’investissement socialement responsable, en appuyant des entreprises comme Caterpillar », soulignent les universitaires. « Ces partenariats et ces investissements de l’Université apportent crédibilité et appui matériel à l’occupation israélienne », poursuivent-ils.
Des évènements pro-palestiniens censurés
Plus généralement, les signataires accusent l’institution de censurer l’activisme pro-palestinien de deux étudiants qui n’ont pas voulu afficher leur nom dans l’attente de la décision disciplinaire de l’établissement, prévue la semaine prochaine. « Ce qui est en jeu est plus fondamental encore qu’une sanction hypocrite et injuste : notre droit démocratique à nous exprimer et à contester librement sur des sujets qui nous préoccupent », a indiqué à Al Jazeera Mona Baker, une des signataires. Et il ne s’agit pas du premier épisode de censure au passif des établissements supérieurs britanniques : celui de Manchester n’est que l’un parmi plusieurs autres à avoir été pointé du doigt pour avoir censuré la tenue d’évènements pro-palestiniens, soit en refusant d’accréditer des intervenants, soit en annulant purement et simplement leurs conférences. Or, le syndicat étudiant de Manchester – l’un des plus importants du Royaume-Uni – avait voté une motion d’appui à BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) en décembre 2016. Un vote dupliqué la semaine dernière par le syndicat d’étudiants de la Queens University de Belfast, en Irlande du Nord.