Dans un entretien au quotidien Le Monde, Manuel Valls propose de stopper provisoirement les financements de mosquées françaises provenant de pays étrangers.
Il ne parle pas de concordat, comme son ministre de l’Intérieur l’évoquait il y a quelques jours. Mais Manuel Valls se dit aujourd’hui favorable à l’interdiction du financement des mosquées par des pays étrangers. Une décision qui permettrait d’approcher un peu plus du sempiternel concept d’« Islam de France » tant désiré par les dirigeants politiques. Dans une interview au quotidien Le Monde, le Premier ministre estime à ce propos qu’il « faut une remise à plat et inventer une nouvelle relation avec l’islam de France ».
L’Algérie quasi propriétaire de la mosquée de Paris
Mais les mosquées sont-elles réellement financées par des puissances étrangères ? Ce sont d’abord les fidèles qui financent les lieux de cultes, selon Bernard Godard, ancien du ministère de l’Intérieur au Bureau central des Cultes, chargé des relations avec les musulmans. « Il faut tordre le cou à certaines assertions des uns et des autres qui disent que tout l’argent viendrait de l’étranger voire de l’Etat. Ce sont ni l’un ni l’autre », assure-t-il. Mais plusieurs pays étrangers n’hésitent toutefois pas à sortir leur portemonnaie quand il le faut, comme l’Algérie, qui a donné 1,8 million d’euros en 2013 à la Grande mosquée de Paris.
Arabie Saoudite, Algérie, Maroc… Chaque pays peut financer les associations comme il l’entend. Problème : la loi n’encadre pas ces dons, même si certains maires peuvent imposer un plafonnement. Pour éviter les interventions étrangères, il n’existe pour le moment aucune solution. Si ce ne sont les dons. Le Journal des mosquées de France explique que « plus de 410 mosquées sont en cours de construction ou en phase projet à travers toute la France » et que, « faute de financement, beaucoup de ces chantiers sont au point mort ». La revue rappelle que le Maroc « s’est offert la mosquée Othmane Ibn Affane de Mantes-la-Jolie » et que la seule solution pour que les mosquées « ne tombent aux mains d’Etats étrangers » est que les fidèles français les financent.
La déradicalisation, l’affaire de tous
Dans son interview au Monde, Manuel Valls avance également de nouvelles mesures. Pas forcément très originales. Le Premier ministre demande notamment « que les imams soient formés en France et pas ailleurs ». Après l’échec des différents organismes de déradicalisation, Manuel Valls estime désormais que « la lutte contre la radicalisation sera l’affaire d’une génération ». L’ancien maire d’Evry veut que celle-ci se décompose en deux volets : la « prévention » et des « programmes de déradicalisation ». « Nous devons enfin bâtir un puissant contre-discours qui ne doit pas être que le travail de l’Etat, mais de toute la société civile », estime-t-il.