La ministre française des Armées Florence Parly doit présenter mercredi devant la commission Défense de l’Assemblée nationale son rapport sur les exportations d’armement de la France.
A cette occasion, une coalition de 19 ONG humanitaires et de défense des droits humains – dont Human Rights Watch, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Amnesty International France, Salam for Yémen, Oxfam France ou Médecins du Monde – ont adressé mardi aux députés une lettre ouverte.
Elles les appellent à exercer leur « devoir de contrôle de l’action gouvernementale » en s’assurant que « la France ne viole pas ses engagements internationaux en continuant à exporter des armes vers l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ».
« Ces deux pays sont à la tête d’une coalition militaire responsable de violations graves et systématiques du droit international humanitaire contre les civils yéménites », déclarent ces ONG.
Troisième pays exportateur d’armes dans le monde après les États-Unis et la Russie, la France est régulièrement mise en cause, notamment par des ONG et des parlementaires, pour ses ventes d’armement à l’Arabie Saoudite et aux Émirats, engagés dans un conflit au Yémen.
Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts, dont de nombreux civils, selon diverses ONG, et provoqué selon l’ONU la pire catastrophe humanitaire au monde.
Les exportations d’armement français ont bondi de 30% à 9,1 milliards d’euros en 2018, avec pour principaux destinataires le Qatar, la Belgique et l’Arabie saoudite, selon un rapport officiel.
« Partout dans le monde, la guerre au Yémen pousse les gouvernements à réviser leur politique d’exportation d’armement », notent-elles. « En France, aucune mesure n’a été prise, alors que le risque d’utilisation d’armes françaises contre des civils est le plus élevé ».
Le rapport au Parlement « devrait être l’occasion d’apporter des réponses claires aux inquiétudes légitimes d’un nombre croissant de parlementaires, de dockers, de salariés de l’industrie d’armement et, plus largement, de citoyens » en France, estiment ces ONG.
« Au lieu de cela, le gouvernement français laisse de nombreuses questions cruciales sans réponses. Que vend exactement la France et à qui ? Quelles sont les utilisations finales de ces armements ? Quelles garanties la France a-t-elle que ces armes ne servent pas à commettre des violations au Yémen ? », interrogent-elles.