Au Yemen, la coalition menée par l’Arabie Saoudite continue les bombardements. MSF accuse cette dernière d’avoir détruit un hôpital. La communauté internationale, elle, reste bien silencieuse.
En Août, l’Arabie Saoudite a acheté des armes pour plus 1 milliard de dollars aux Etats-Unis. Cette nouvelle transaction n’a rien de surprenant : le royaume wahhabite est l’un des clients les plus importants de l’industrie militaire américaine. Mais le timing laisse perplexe : après une accalmie due à un cessez-le-feu très fragile, les Saoudiens et leurs alliés ont repris leurs bombardements intensifs sur le Yémen, tuant plusieurs enfants. Pendant ce temps, l’ONU reste silencieuse. Il faut dire que l’Arabie Saoudite a tout fait pour que l’organisation internationale ne charge pas le royaume wahhabite dans son rapport sur le Yemen.
Yemen : de la guerre au chaos total
Après avoir obtenu, en mars 2015, le feu vert des Etats-Unis, l’Arabie Saoudite a déclaré la guerre au Yemen. L’ambassadeur saoudien de l’époque, Adel al-Jubeir, basé à Washington, s’était rendu à la Maison-Blanche pour discuter du plan de guerre avec des hauts responsables de l’administration. Les chiites Houthis avaient déjà renversé le gouvernement de Mansour Hadi et s’étaient emparés de Sanaa, la capitale yéménite. D’après Ahmed Al-Jubeir, le ministre saoudien des Affaires étrangères, l’Iran tentait de se glisser dans l’arrière-cour du royaume sous couvert de soutien aux Houthis. L’intervention militaire était donc justifiée, selon lui. Quelques jours plus tard, le Yemen subissait les assauts répétés de la coalition.
Malgré seize mois de frappes aériennes et la mort de milliers de civils innocents, les Saoudiens n’ont atteint aucun de leurs objectifs stratégiques. Au niveau régional, avec ou sans les Houthis, l’Iran reste une puissance incontournable. Les bombardements ont peut-être affaibli l’organisation zaydite, mais celle-ci contrôle toujours une grande partie du territoire yéménite. Al-Qaeda a, en revanche, gagné du terrain dans le nord du pays plongé dans le chaos et l’anarchie. Cette guerre a mis en péril la sécurité du Yemen, favorisé l’expansion des organisations terroristes et causé une véritable catastrophe humanitaire. Mais alors, pourquoi l’Arabie Saoudite poursuit-elle cette guerre ? Et pourquoi bénéficie-t-elle de l’omerta internationale ?
Arabie Saoudite, Maroc, Egypte et Etats-Unis présents au Yemen
Si malgré ce carnage, les Saoudiens poursuivent cette guerre, c’est pour la défense d’intérêts évidents : éviter à tout prix l’expansion du chiisme dans la région. Le royaume arabe ne veut pas d’un territoire chiite à ses frontières et sait que, s’il se retire, les Houthi continueront à grignoter du terrain un peu partout sur le sol yéménite. Moins évident, le silence assourdissant de l’Occident, d’habitude si prompt à réagir comme ce fut le cas en Libye, est difficilement compréhensible. Sauf que l’Arabie Saoudite — comme le Maroc et l’Egypte, qui participent à l’opération Restaurer l’espoir — est un allié inconditionnel de la France et des Etats-Unis, qui participent à l’opération. Ou quand les intérêts financiers priment sur une quelconque indignation.