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Au Yémen, des mercenaires américains tuaient au nom des Emirats arabes unis

Anciens militaires pour l’armée américaine, ils travaillent désormais pour une société privée basée aux Etats-Unis et œuvrant pour les Emirats arabes unis. BuzzFeed raconte comment, le 29 décembre 2015, d’anciens bérets verts ont commis un assassinat commandé par le pays du Golfe. Celui d’Anssaf Ali Mayo, dirigeant local du parti politique islamiste Al-Islah et ennemi des EAU.

Un homme d’affaires israélo-hongrois

Le premier d’une longue série : pendant plusieurs mois, dans un Yémen en guerre, des anciens soldats américains — et peut-être même d’anciens légionnaires français — sont devenus des mercenaires dont la mission était de supprimer d’importantes personnalités religieuses et islamistes, indique le journal électronique. L’assassinat de Mayo a été un tournant dans le conflit qui secoue le Yemen. Deux douzaines de dirigeants de la même organisation sont également morts dans des circonstances non élucidées.

La société qui tue pour les Emirats arabes unis s’appelle Spear Operations Group. Elle a été fondée par un entrepreneur israélo-hongrois, spécialiste de la sécurité. Abraham Golan a d’ailleurs été la tête pensante de l’opération lancée contre Anssaf Ali Mayo. Golan a confirmé les propos de BuzzFeed mais ne tient pas à dévoiler la liste de ses cibles.

Que savaient les Etats-Unis des activités de Spear Operations Group ? Selon les experts américains, il est inconcevable que le pays n’ait pas été mis au courant de la commande émirienne. D’autant que l’un des mercenaires travaillait auparavant pour la CIA. « Comment savoir que les gens qu’ils butaient étaient des méchants », demande d’ailleurs un ancien commandant de la CIA. D’autant que cette activité de mercenaire est considérée comme illégale par les Etats-Unis si une autorisation n’a pas été octroyée. Or, Spear Operations Group n’a pas été mandaté par l’administration américaine.

1,5 million de dollars par mois, ainsi que des bonus

Mais Spear Operations Group pourrait avoir trouvé la parade en offrant des grades aux mercenaires, qui seraient alors considérés comme des soldats émiriens et non comme des mercenaires. Golan est un fin négociateur : il a dû batailler pour imposer ses hommes au conseiller à la sécurité du prince héritier Mohammed bin Zayed Al Nahyan.

Golan se défend cependant en assurant que le mot « assassinat » n’a jamais été évoqué par le conseiller de MBZ. Mais il s’agissait de cibler « précisément » des opposants, de « perturber » et « détruire » Al-Islah, branche armée du Congrès yéménite pour la réforme. L’équipe de Golan a négocié 1,5 million de dollars par mois et des primes en fonction du nombre de cibles tuées. L’un des membres du groupe se souvient d’une liste de 23 cibles donnée par un officier émirien.

Les mercenaires ont, dans leur mission, été aidés par les services de renseignement des Emirats arabes unis. Mais la mort de Mayo s’est finalement avérée être un fiasco, l’homme étant réapparu par la suite. Mais un officiel de l’ONU assure que les mercenaires ont réussi à tuer au moins une vingtaine d’opposants.

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