Depuis samedi, les habitants de la province occidentale du Xinjiang, en Chine, se sont vus interdire le port de barbes « anormalement » longues et de voiles religieux féminins. Les autorités justifient cette série de mesures – qui sanctionnent également ceux qui rejettent les médias d’Etat – par la lutte contre l’extrémisme religieux. Or, le Xinjiang abrite une importante communauté musulmane, composée de près de 10 millions de Ouïgours et officieusement visée par ces nouvelles contraintes. Une communauté constamment opprimée par Pékin. Des centaines de ces Chinois musulmans ont trouvé la mort dans le Xinjiang ces dernières années, dans des révoltes de colère que le pouvoir central attribue à des tentatives « séparatistes ».
Vers une « grande muraille de fer » au Xinjiang ?
Des dispositions similaires avaient déjà été prises dans certaines villes de la province, comme l’interdiction faite à des hommes avec de longues barbes ou à des femmes voilées d’accéder aux transports en commun ; depuis samedi, ces mesures ont été systématisées et étendues à l’ensemble du Xinjiang. Non seulement les autorités chinoises accusent les Ouïgours de séparatisme mais elles les étiquettent comme affiliés à des groupes terroristes tels qu’Al Qaïda ou l’Etat islamique. Et prennent appui sur ces accusations – et sur une vidéo postée fin février par laquelle Daesh menace de frapper la Chine – pour déployer des mesures de sécurité et de surveillance qui restreignent drastiquement les libertés fondamentales de la population ouïgoure. Xi Jinping, le président chinois, a même appelé à la construction d’une « grande muraille de fer » comme « barrière de sécurité » pour le Xinjiang et plus globalement, la Chine, eu égard à la localisation stratégique de la province.