Deux réalisateurs ont décidé de se lancer dans un documentaire passionnant. L’histoire de Latifa Ibn Ziaten, dont le fils, Imad, un militaire français, est tombé sous les balles de Mohammed Merah en 2012. Olivier Peyon et Cyril Brody ont décidé de suivre cette femme dans ses différents déplacements, dans sa vie quotidienne aussi. A la mort de son fils, « pour Latifa tout s’effondre brutalement : sa vie, son idéal de vivre ensemble et sa vision de la société française, expliquent les initiateurs de ce projet. Pourtant, plutôt que de renoncer à croire, Latifa décide d’aller réanimer ce rêve en dépassant sa douleur de mère. Elle part à la rencontre des autres, en France, au Maroc, pour les convaincre que ce rêve a encore un sens et qu’il les concerne tous. »
La démarche « besogneuse » de Latifa
Le documentaire a aujourd’hui besoin d’être financé pour sortir dans les temps. Grâce à la plateforme de financement participatif KissKiss BankBank, les deux réalisateurs espèrent récolter 80 000 euros, dont la moitié seront reversés à l’association de Latifa Ibn Ziaten. « Cela nous paraissant évident », explique Olivier Peyon, qui avoue que « la question ne s’est même pas posée. » Car aujourd’hui, Latifa Ibn Ziaten sillonne la France, les écoles, les prisons à la rencontre de jeunes pour « redonner du courage et une espérance à cette génération issue de l’immigration qui se sent mise au ban de la société. » Il y a, dans la démarche de cette femme, « un côté besogneux, elle fait tout cela avec ses petits moyens », raconte Olivier Peyon.
Le financement du documentaire est déjà bien embarqué : 53 000 euros ont déjà été réunis, mais il faut aujourd’hui donner un dernier coup de boost au projet. Il ne reste que quelques semaines pour réunir la somme nécessaire à la sortie du film avant les élections. Pourquoi vouloir présenter ce long-métrage dans les salles avant la présidentielle ? « C’est un acte militant, raconte le réalisateur. C’est important de faire face aux extrémismes. Latifa déjoue les clichés, elle a une réponse adaptée à la montée du radicalisme. » L’idée du film est simple : « Être le plus souvent aux côtés de Latifa Ibn Ziaten pour suivre son quotidien », résume Olivier Peyon, qui a déjà plus de 80 heures de rush dans sa caméra. Selon lui, ce documentaire est important, il doit permettre de voir « l’envers du décor. On voit beaucoup Latifa à la télévision, on a voulu faire un film intimiste. Grâce à une toute petite caméra, il se passe des choses lorsque nous sommes avec elle. »
« Ce film parle de la société »
La société de production a décidé de faire appel à la générosité des internautes, car « les documentaires pour le cinéma ne rentrent pas dans les budgets télé », résume Olivier Peyon. « Il n’y a pas d’argent pour les films de ce type. Les producteurs, Haut et Court, ont avancé des fonds, notamment pour les voyages », raconte le réalisateur qui « a tout fait à l’envers » car il veut absolument que son documentaire sorte dans les salles en mars prochain. Car la vie de Latifa Ibn Ziaten mérite qu’on s’y arrête, assure-t-il. « Aller au Maroc nous a permis de comprendre son combat et son discours universaliste, ajoute Olivier Peyon. Là-bas, elle a grandi avec des juifs, des Espagnols… Ce film parle de la société, tente d’expliquer comment chacun s’est éloigné de l’autre. » « Latifa, le cœur au combat » est, conclut le réalisateur, « la meilleure réponse à la stigmatisation ambiante. » Rien que pour cela, ce documentaire mérite de trouver les financements nécessaires.
Vous pouvez vous aussi participer au financement de ce documentaire ici.