Interrogé par Elisabeth Lévy dans son émission « L’esprit de l’escalier », sur la radio RCJ, Alain Finkielkraut a une nouvelle fois été l’auteur d’un raisonnement étonnant. Cela commençait pourtant plutôt bien lorsque l’essayiste a tenu à dénoncer les gestes électoralistes d’Emmanuel Macron, qui s’est tour à tour rendu à Oradour-sur-Glane, où la population a été massacrée en 1944, puis au mémorial de la Shoah. « Cette initiative m’a mis dans une colère qui a surpris et choqué mes proches, explique Finkielkraut. Je m’en excuse auprès d’eux. C’est le fils de déporté en moi qui hurlait. On ne peut pas faire de l’extermination des juifs un argument de campagne. Les morts ne sont pas à disposition. Le devoir de mémoire dont on parle tant, consiste à veiller sur l’indisponibilité des morts. »
« si Finkielkraut n’était pas juif, il serait porte-parole du FN »
L’essayiste a, ensuite, tenu à rappeler que « le négationnisme continue à faire des ravages. » Mais cette question du négationnisme « demande tout autre chose qu’une halte rue Geoffroy L’Asnier pour mobiliser l’électorat juif contre Marine Le Pen, car ce ne sont pas des jeunes militants du FN qui rendent impossible l’enseignement de la Shoah dans les écoles ou qui vont chercher des faits alternatifs aux camps de la mort. De cette terrible réalité, je ne vois guère d’écho dans la campagne d’Emmanuel Macron. Il ne cesse de faire des clins d’œil aux jeunes de banlieues et réserve ses coups à la bonne vieille bête immonde. » Autrement dit, pour Alain Finkielkraut, le Front National n’est donc pas antisémite – il avait déjà expliqué, après la sortie de Marine Le Pen sur le Vel’ d’Hiv’, qu’il « est injuste d’aller jusqu’à accuser Marine Le Pen de faire du Pétain quand elle fait du De Gaulle » –, là où les jeunes de banlieue le sont. Il y a deux ans, le Frontiste Bruno Gollnisch estimait d’ailleurs que Finkielkraut « participe à la légitimation » des idées du FN. En janvier dernier, le député socialiste Pascal Cherki affirmait, lui, que « si Finkielkraut n’était pas juif, il serait porte-parole du FN. » Tout tend à montrer que, même s’il est juif, en propageant de telles idées nauséabondes, l’académicien joue aujourd’hui pour le parti d’extrême droite.