Depuis l’arrivée de Marine Le Pen à sa tête, le Front National veut en finir avec l’image antisémite du parti et se considère comme un « bouclier » pour les juifs de France face à l’Islam radical. Après des années d’ansimétisme illustrées par des sorties souvent répréhensibles de son ex-président Jean-Marie Le Pen et par une proximité avec les groupuscules néo-nazis, le FN cherche désormais à reconquérir l’électorat juif. C’est dans cette optique de réconciliation avec la communauté juive que le numéro trois du FN, Nicolas Bay, s’est rendu à Jérusalem. Le secrétaire général du FN a publié une photo sur laquelle on peut apercevoir, entre autres, un haut gradé de l’armée en uniforme, mais également Arnon Afek, directeur général adjoint du ministère israélien de la Santé. Le porte-parole du ministre a tout de suite tenu à se justifier : « Je ne savais pas qu’il serait là », dit-il. Affirmant qu’il s’agissait d’une rencontre non officielle. Pour preuve, explique-t-il, Arnon Afek « ne portait même pas de cravate. » Du côté du FN, on assure que les Israéliens « savaient qui était Nicolas Bay » et que la rencontre était prévue de longue date.
Les « rois du renseignement » feignent
Peu de temps après, le site Europe 1 nous apprend que Nicolas Bay a, ensuite, rencontré l’ultra-orthodoxe Yaakov Litzman, avec l’autorisation du cabinet de Nétanyahou. Cette information a été confirmé par le porte-parole du ministère de la Santé, qui se défend en affirmant que « le ministre ne savait pas qui était Nicolas Bay. » Une défense étrange pour un pays qui se veut être « le roi du renseignement. » Quoi qu’il en soit, ce rapprochement n’a rien de surprenant. Comme en France, l’extrême droite prospère. Des ministres du Foyer juif, un parti à droite de la droite, ont été nommés au gouvernement, malgré des sorties souvent radicales. Mais le FN et l’extrême droite israélienne se rapprochent désormais, avec un point commun que nul ne peut nier : l’islamophobie. Et à côté des figures de l’extrême droite israélienne, la haine de l’Islam du FN pourrait presque paraître gentille. Notamment lorsqu’on entend les différents acteurs de la scène politique israélienne, comme Naftali Bennett, ministre israélien de l’Economie, déclarer avoir « tué beaucoup d’Arabes dans (sa) vie. Et il n’y a aucun problème avec ça », ou Avigdor Lieberman, ministre de la Défense, assurer que les Arabes israéliens déloyaux méritaient d’être « décapités. » Les intellectuels français, si prompts à dégainer lorsque des dirigeants de pays musulmans font des déclarations tonitruantes, s’étaient d’ailleurs bien gardé de réagir à ces phrases pour le moins condamnables.